C'est la deuxième saison de « L'Opéra en Guyane », vaste projet de transmission et de coopération culturelle initié par l'Opéra national de Paris qui veut s'inscrire dans la durée. Son objectif est de faire rayonner son patrimoine, repérer et accompagner des jeunes talents et créer des ponts entre artistes des deux côtés de l'Atlantique.
Faire vivre l'art de l'Opéra en ce qu'il a de plus beau dans un climat tropical, ce n'est pas une mince affaire. Yasmina Bellony, directrice du centre culturel des Trois Fleuves à Cayenne, accueille l'Opéra de Paris pour des représentations de haut vol. « L’auditorium, c'est une salle qui reste climatisée 24h sur 24. Pour la protection de nos dispositifs techniques, c'est essentiel parce que l’humidité en Guyane détériore de façon accélérée tous les appareils que vous pouvez imaginer. On est à 100% de taux d'humidité. Et les chanteurs lyriques et les danseurs de l’Opéra souffrent de la climatisation, donc nous devons éteindre la climatisation pendant les répétitions pour que l’Opéra puisse travailler dans les meilleures conditions possibles. »
Le jeu en vaut largement la chandelle, constate Norma Claire, directrice du Centre de développement chorégraphique national de Guyane Touka Danses. « On n’a jamais été dans des salles aussi complètes (rire), ça se chamaille presque pour les places. On n’a pas des mêmes types d’a priori. Ici, tout ce qui est à voir, on vient voir. On est un peuple de danse, de musique, de chant. Que ce soit amérindien, Bushinengue, Créole. Et quand on voit un Métis danser, il est évident que pour nos jeunes ici ça leur donne la possibilité d’imaginer que c’est possible de devenir un danseur classique. »
Guillaume Diop, d'origine sénégalaise et premier danseur étoile noir à l'Opéra de Paris à seulement 23 ans, est applaudi comme une star dans ce département d'Outre-mer où la moitié de la population a moins de 25 ans. « Quand on est un enfant, c’est plus facile de s’identifier à un métier, de penser à une vocation quand on a quelqu'un qui nous ressemble. Le ballet, l’opéra, c’est un art élitiste, mais dans le sens où, oui, il faut travailler, il faut avoir un excellent niveau, mais ce niveau-là, il n’y a rien à voir avec la couleur de peau. »
Créer des vocations et former les jeunes qui ont du talent est au cœur du projet de l'Opéra de Paris, confirme son directeur Alexander Neef. « Ce travail, qui a peut-être commencé sous l’angle de la diversité et de l’inclusion, est devenu beaucoup plus un travail sur l’égalité des chances pour des Français en France. »
Et ça touche toutes les disciplines – jusqu'aux danses urbaines. Laurent Bosse, référent breaking pour les JO 2024. « Une initiative comme ça, ça donne du sens puisque des échanges avec eux, ça nous donne une autre image de l'Opéra. Il y a quelque chose au bout. Ce n’est pas juste des mouvements, de la persévérance pour rien. On écrit notre histoire à travers la danse ; c'est un art de vie. »
Ce samedi 14 octobre, une restitution des ateliers de chant lyrique et de piano organisé par l'Opéra de Paris sera faite au centre culturel des Trois Fleuves à Cayenne, l’occasion de voir le résultat du travail réalisé par les élèves.