Suite de la série qui vous emmène tout au long de l’été dans les lieux où l’art vibre et se crée sur le continent. Pour ce sixième rendez-vous, direction Yaoundé au Cameroun, pour y découvrir le Laboratoire musical de Bastos. Notre correspondant Richard Onanena y a rencontré plusieurs artistes.
Patrick, guitariste, a rejoint le Laboratoire musical de Bastos il y a trois ans à son arrivée à Yaoundé. Une salle en brique de terre cuite, insonorisée, qu'il fréquente régulièrement avant chaque séquence. Il n'hésite pas à répéter ses gammes. « Quand j'arrive, je m'installe, je branche mon matériel, je vérifie que tout est ok, et je me mets au boulot », raconte l'artiste.
Parmi les artistes que Patrick a accompagnés sur scène, figure Joys Sa'a, une autre pépite du Laboratoire musical de Bastos. Joys s'est fait connaître du grand public grâce à ses talents de comédienne. Quand elle a voulu faire de la musique sa priorité, elle s'est rapprochée du Laboratoire.
« Tout ce que j'avais fait avant, c'était d'envoyer une chanson, et je ne savais même pas qu'il avait tenu compte de cette chanson. Un jour, il m'appelle, il me dit, je veux que tu fasses un essai. Pour moi, le Laboratoire musical de Bastos, c'est la maison mère. Parce que, c'est cette maison, qui a bien voulu m'accueillir la première fois, sur scène, en live, ici à Yaoundé. Je ne savais même pas si j'en étais capable. Tout le labo m'a accompagnée, encouragée et soutenue », explique la jeune femme.
La chanteuse camerounaise Sandrine Nanga, qui vient de se produire à l'Alambra de Paris, a répété ses gammes ici au Laboratoire musical de Bastos, qu'elle visite toujours régulièrement malgré le succès. « Après mon éducation donnée par mes parents, qui est l'amour du travail bien fait, je suis entrée du bon côté de la musique, et c'est ça qui me permet aujourd'hui d'avoir cette vision de la musique entre deux générations, la génération mature et la génération jeune, on va dire. Parce que ma musique, est écoutée par toutes les générations », confie-t-elle.
Serge Maboma, promoteur du laboratoire, ambitionne de créer une génération d'artistes capable de faire voyager les rythmes camerounais, en live. Il retrace l'histoire du laboratoire : « Quand on est un artiste au Cameroun, comment on fait pour pouvoir vendre sa musique, pour s'exporter ? Au départ, cet espace était le lieu de répétition de mon groupe. On a pensé qu'il était bon d'avoir un endroit où travailler sereinement. On occupait les pièces de la maison. Et finalement, on nous a dit, prenez un bout de terrain et construisez quelque chose, qui va appartenir à la musique. Donc cet endroit-ci, est né pour abriter les répétitions des Macase. Il n'y avait pas de lieu de répétition à Yaoundé, alors, on a commencé à accueillir des amis qui venaient travailler. De fil en aiguille, on s'est rendu compte que ce lieu n'appartenait plus qu'au groupe Macase, mais à tous les jeunes aspirants musiciens. Il nous est alors venu à l'idée de dire, ça, ça ressemble à un laboratoire. C'est un laboratoire pour les musiciens ! ».
La salle est aussi un lieu de répétition pour les musiciens confirmés. Sur les murs, une photo de Manu Dibango, décédé en 2025, rappelle qu’il est passé par là.
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