La région de la Bouenza, dans le sud-ouest du Congo, s’industrialise un peu plus. Le président Denis Sassou-Nguesso vient d’officialiser la mise en service d’une distillerie à Moutela, au sud de Nkayi, la quatrième ville du Congo. Opérée par la Société agricole de raffinage industriel du sucre, filiale du groupe français Somdia, elle transformera les résidus de sucre, autrefois jetés, en alcool pour l’industrie.
De notre correspondant à Brazzaville,
La route qui mène à la distillerie de Moutela traverse d’immenses champs de canne à sucre. Après deux ans de construction, l’usine est inaugurée par les autorités. Le PDG du groupe Somdia, Olivier Parent, mène la visite. « Cette distillerie avec une capacité de production de six millions de litres peut produire six millions de litres d’alcool chaque année. Et, nous utilisons les co-produits issus de la sucrerie pour cela, explique le dirigeant. La sucrerie transforme la canne à sucre en sucre. Il y a des co-produits qu’on appelle la mélasse. Cette mélasse est transférée vers la distillerie : il y a une réaction de fermentation et de distillation pour créer de l’alcool à 96 degrés qui va être utilisé par les industriels à la fois pour de la boisson, de la pharmacie et de la cosmétique ».
Les importations d’alcool, qui étaient nécessaires aux industriels au Congo, vont pouvoir s’arrêter, estime le groupe Somdia. La distillerie a nécessité un investissement de 17 milliards de francs CFA et une formation spécifique du personnel. « La distillerie à ce jour, côté exploitation, c’est une soixantaine de personnes qui vont travailler pendant la durée de la campagne, tout en sachant que l’on est couplés à la durée de la campagne sucrière. C’est donc une entreprise saisonnière qui va produire pendant cinq mois et aller en campagne de maintenance pendant sept », précise Serigne Bassirou Pouye, le directeur d’exploitation.
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Présents à l’inauguration de la distillerie, certains habitants de la région saluent les opportunités d’emploi. Mais d’autres s’inquiètent des risques de pollution, car les rejets de la distillerie seront versés dans la rivière Niari. « Il faut que l’entreprise crée des conditions pour que les poissons qui sont dans l’eau et les riverains qui sont plus bas ne puissent pas subir les impacts de la distillerie », appelle de ses vœux cet habitant de la localité.
L’industrialisation se développe dans la région de la Bouenza. « Une priorité absolue » insiste Antoine Nicéphore Fylla de Saint-Eudes, le ministre du Développement industriel. L’État congolais a pris une participation au capital de la nouvelle distillerie.
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