En juin 2024, le gouvernement éthiopien annonçait l’ouverture du secteur bancaire aux acteurs étrangers. Pour la première fois depuis les nationalisations de 1975, les banques internationales étaient autorisées à créer des filiales locales en Éthiopie. Le point sur un an de libéralisation bancaire.
L’annonce de l’ouverture du secteur bancaire, il y a un an, a sonné comme une petite révolution en Éthiopie. Pour Tsegay Tekleselassie, économiste et enseignant au Wellesley College de Boston, ce changement était attendu : « Il était temps d’ouvrir le secteur bancaire pour que le secteur privé ait plus de liberté, que la population ait plus facilement accès aux banques, mais aussi pour stimuler la compétitivité des services bancaires ».
Depuis la chute de l’empereur Haile Selassié Ier en 1975 et la nationalisation des banques du pays, l’Éthiopie n’a plus jamais autorisé de banque internationale sur son sol. La loi de juin 2024 autorise donc désormais les banques étrangères à créer des filiales, à ouvrir des succursales, mais aussi à prendre des participations dans des banques locales. Un changement qui s’inscrit dans une politique globale d’ouverture prônée par le gouvernement. « D’autres réformes ont été lancées en ce sens, rappelle Tsegay Tekleselassie. Récemment, le marché des devises a été en partie libéralisé. Il existe aussi depuis peu une bourse éthiopienne. Cela fait partie d’une tendance forte dont le but est de libéraliser l’économie ».
Mais un an après cette annonce, les résultats se font attendre. Jusqu’à maintenant, seule la banque kényane KCB, qui possède des filiales au Rwanda, en Ouganda, ou en Tanzanie, a engagé des discussions avec le gouvernement éthiopien. Certains usagers attendent pourtant avec impatience de pouvoir faire appel aux services d’une banque étrangère. « J’aimerais que les banques me proposent des services qui facilitent nos opérations quotidiennes et nous rendent la vie plus facile, observe Ashenafi Mulugeta, PDG d’une société de production agricole basée à Addis-Abeba. Je veux pouvoir me concentrer sur mon activité principale, qui est de faire de l’agriculture et de la transformation. Je ne veux pas avoir à traiter des problèmes de paiements, de recettes, de dépenses. J’aimerais qu’une banque le fasse pour moi ».
Il va pourtant falloir s’armer de patience. L’installation de banques étrangères en Éthiopie pourrait prendre encore du temps. « Certaines banques peuvent refuser d’investir le marché éthiopien à cause de l’instabilité, remarque l’économiste Tsegay Tekleselassie. La proclamation a par ailleurs fixé des restrictions, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose quand on ouvre son secteur bancaire. La loi limite par exemple la participation des investissements étrangers dans une banque à 40% ».
Trente-deux banques opèrent actuellement en Éthiopie, avec un capital combiné de 2,4 milliards de dollars.