L’actualité judiciaire s’est imposée dans les journaux de la capitale. Avec d’abord ce titre dans le quotidien Le Phare : « Lourde ardoise pour Joseph Kabila ». 24 milliards de dollars, c'est la facture salée que les avocats de la RDC ont mise à la charge de Joseph Kabila, ancien chef de l’État et sénateur à vie sans immunités depuis le 24 mars dernier. 24 milliards de dollars en réparation des préjudices matériels et économiques que subit le pays dans sa partie orientale suite à la guerre d’agression rwandaise.
Pour le journal, « cette somme astronomique présentée jeudi devant la Haute cour militaire, à l’occasion du démarrage de la phase des plaidoiries et des réquisitions, représente les dommages-intérêts à payer à la victime, à l’État ».
Selon les avocats de la partie civile, lit-on, « l’État Congolais a vu ses ressources naturelles, notamment les minerais, pillées systématiquement par l’armée d’occupation rwandaise, et ses supplétifs de l’AFC/M23, dont Joseph Kabila est désormais reconnu comme le principal sponsor de ce mouvement terroriste ».
Ouragan titre : « L’État désacralise Joseph Kabila. » Le tabloid rappelle que depuis l’ouverture du procès, Joseph Kabila ne s’est jamais présenté à la haute Cour militaire. Les charges à son encontre sont lourdes : trahison, apologie, participation à des crimes ou encore viol. Pour le bihebdomadaire, « son absence est interprétée par certains comme un aveu tacite, tandis que d’autres y voient une protection de l’ancien président par certains réseaux encore actifs au sein de l’appareil sécuritaire ».
Le PPRD, formation politique de Joseph Kabila, rejette catégoriquement ces accusations, dénonçant une « persecution politique ». Ouragan rapporte que Ramazani Shadary, secrétaire permanent du parti, dénonce « une scène de théâtre montée de toutes pièces pour éliminer définitivement Kabila de la vie politique ». Selon lui, une telle démarche judiciaire risquerait d’embraser le pays en réactivant les lignes de fracture de la confrontation judiciaire.
Sous un autre chapitre, François Beya acquitté. L'affaire fait la une de Congo Nouveau qui parle de « la fin d’un feuilleton juridico-sécuritaire ». La Haute Cour militaire s'est prononcée jeudi sur le procès de François Beya Kasonga, ancien conseiller spécial en matière de sécurité du président Félix Tshisekedi, poursuivi pour « complot contre la vie ou la personne du chef de l’État », « offense au chef de l’État », « violation de consigne » et « incitation des militaires à commettre des actes contraires aux devoirs et à la discipline ».
Début août, le ministère public avait requis une peine d’un an de prison ferme dont six mois avec sursis en invoquant des circonstances atténuantes liées à l’âge et à l’état de santé de François Beya. La haute cour, fait remarquer le tabloid, a fini par acquitter l’ancien chef de la sécurité nationale, « fustigeant des accusations basées sur une juxtaposition des faits isolés et sortis de leur contexte ».
Africanews, un autre trihebdomadaire, évoque la possibilité pour François Beya de se faire indemniser après avoir passé sept mois en prison pour rien. Arrêté le 5 février 2022, François Beya avait passé sept mois en prison avant de bénéficier d’une liberté provisoire pour raisons médicales. Selon Africanews, l’ancien conseiller spécial peut désormais « demander une indemnisation pour le préjudice moral et matériel subi » en saisissant les instances compétentes.
Et de poursuivre : « l’accompagnement d’un avocat spécialisé en droit pénal sera nécessaire pour constituer un dossier solide, permettant d’évaluer les dommages matériels – perte d’emploi, frais de justice – et moraux, tels que l’atteinte à la réputation ou la souffrance psychologique ».
Enfin, dans le quotidien Le Potentiel : « Après des revers dans l’est, l’heure des comptes pour les généraux congolais. » Dans une démarche inédite de transparence, l’Inspection générale des Forces armées a convoqué 41 hauts gradés de l’armée et de la police pour des auditions approfondies.
Selon le journal, « L’objectif est de faire la lumière sur les causes profondes des revers militaires enregistrés dans l’est du pays depuis la chute stratégique de Bunagana en 2022, de déterminer d’éventuelles responsabilités et d’envisager une réforme structurelle des forces de défense ».
Cette débâcle, écrivent nos confrères, « aurait été alimentée par des actes de trahison et des failles dans la chaîne de commandement, qui auraient ouvert la voie à la perte progressive de plusieurs localités stratégiques, jusqu’à Bukavu et Goma. Les officiers convoqués devront désormais s’expliquer sur ces défaillances qui ont mis en péril la souveraineté nationale ».
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