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Mar 2024
4m 33s

Intégration régionale en Afrique de l’Ou...

Rfi
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Le 24 février 2024, la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cédéao a décidé à l’issue d’un sommet au Nigeria, de la levée avec effet immédiat, des sanctions imposées au Niger, ainsi que des sanctions financières et économiques à l’encontre de la Guinée. L’heure est à une approche conciliante avec les trois pays sahéliens, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, qui ont annoncé fin janvier leur départ sans délai de la communauté régionale.

C’est incontestablement la confirmation de l’échec des mesures adoptées par les chefs d’État de la Cédéao, en réponse aux coups d’État militaires dans les trois pays sahéliens. La liste des sanctions prises à l’encontre du Niger, qui ont donc été levées après sept mois, était impressionnante : fermeture des frontières terrestres et aériennes, zone d'exclusion aérienne sur tous les vols commerciaux à destination et en provenance du Niger, suspension de toutes les transactions commerciales et financières entre les États membres de la Cédéao et le Niger, gel de toutes les transactions de services, y compris les services publics et l'électricité vers le Niger, gel des avoirs de l’État du Niger auprès des banques centrales, etc. 

Si le caractère illégal de ces sanctions continuera à faire l’objet de débats entre experts des textes de l’organisation régionale, la gravité de leur impact sur l’activité économique et sur la vie quotidienne des populations d’un pays qui a le troisième indice de développement humain le plus faible du monde, ne faisait aucun doute. Je rappelais à cette antenne en août 2023, juste après le coup d’État au Niger que de la même manière que les sanctions économiques et financières sévères et non ciblées contre le Mali avaient de fortes chances de provoquer un plus grand soutien d’une partie importante des populations au pouvoir militaire, les sanctions contre le Niger, si elles n’étaient pas très limitées dans le temps, pourraient être tout autant contre-productives. 

Vous disiez aussi alors que « l’immense gâchis nigérien faisait courir à la communauté politique et économique ouest-africaine un risque réel de dislocation, pour de vrai et pour longtemps ».

Oui et j’aurais vraiment voulu avoir tort en étant aussi alarmiste il y a quelques mois. On est aujourd’hui résolument engagé dans la voie de la fragmentation institutionnelle, de la divergence des choix politiques et géopolitiques des pays ouest-africains et de l’abandon d’un ambitieux projet d’intégration régionale qui ne se limite pas à la liberté de circulation des biens et des personnes et à quelques autres facilités. 

Beaucoup de hauts cadres des pays de la région ne semblent pas prendre la mesure des implications possibles du départ définitif ou durable du Mali, du Niger et du Burkina Faso, pour les perspectives de stabilité, de sécurité et de développement économique dans tout l’espace ouest-africain dans les cinq, 10 ou 20 prochaines années. On peut comprendre que les dirigeants militaires des trois pays sahéliens ne soient préoccupés au premier chef que par leurs intérêts politiques à court terme, et que nombre de chefs d’État civils élus de la région ne se projettent pas non plus au-delà de quelques années. Il ne semble plus avoir grand monde pour expliquer à tous que l’enjeu, c’est l’état de l’Afrique de l’Ouest qu’ils laisseront aux jeunes et aux enfants. 

Vous estimez que c’est le pire moment pour renforcer la balkanisation de cette partie du continent.

Oui. Après avoir de tout temps déploré la politique du diviser pour régner des anciens colonisateurs européens, nous nous gargarisons désormais de déclarations nationalistes flamboyantes, de l’échec de la Cédéao comme si elle était un corps étranger à ses pays membres, comme si ce n’était pas la faillite politique et économique de nombre des gouvernants des États membres, civils comme militaires, qui était à la base de la faiblesse et des errements de l’organisation régionale.   

Au moment où les guerres se multiplient ici et là, où l’antagonisme guerrier entre les grandes puissances atteint un niveau rare, au moment où les pays sérieux essaient d’anticiper les bouleversements liés à l’intelligence artificielle et investissent dans le capital humain, nous ne trouvons pas très grave de passer des années à déconstruire ce qu’on a laborieusement construit pendant près de cinq décennies, à devoir négocier des accords bilatéraux entre pays sahéliens et pays côtiers, à faire chacun la course aux armements, à diviser joyeusement nos sociétés entre souverainistes, nationalistes, patriotes d’un côté, et traîtres à la patrie et suppôts du néocolonialisme de l’autre. C’est le temps des passions et celui de l’irresponsabilité.

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