La production de cacao au Liberia est en plein essor et pourrait rapidement compléter l'offre d'Afrique de l'Ouest. Mais elle suscite cependant de nombreuses questions.
Au rythme actuel, la production de cacao au Liberia, évaluée aujourd'hui entre 10 et 30 000 tonnes, pourrait rapidement atteindre les 100 000 tonnes, selon François Ruf économiste au Cirad, de retour de Monrovia.
Le Liberia accueille une des dernières grandes forêts protégées d'Afrique de l'Ouest. Une forêt dense, facile à défricher, avec très peu de sous-bois, dans une zone peu contrôlée par les autorités. Et c'est ce qui explique qu'elle attire des milliers de planteurs de pays voisins. « On est à l'aube, et plus qu'à l'aube d'un boom du cacao », résume l'expert.
L'explosion de la culture de cacao au Liberia va cependant se heurter très vite à la question de sa commercialisation. La nouvelle législation européenne interdit l'importation de cacao issu de forêt défrichée après le 31 décembre 2020. Le cacao issu de nouvelles plantations libériennes ne devrait logiquement pas être commercialisable en Europe.
L'étiquette « Liberia » ne sera pas très vendeuse, confirme un cadre d'une multinationale du broyage du cacao, basée en Côte d'Ivoire. Sachant que ce cacao sortira d'une manière ou d'une autre du pays pour arriver dans un port, la question est de savoir quel chemin il empruntera.
Va-t-il s'ajouter frauduleusement à la production ivoirienne ? Être exporté aux États-Unis qui entretient des liens économiques privilégiés avec le Liberia ? C'est la grande inconnue, reconnaissent les experts qui regardent aussi avec attention la production qui augmente en Guinée.
L'arrivée annoncée des nouvelles quantités de fèves libériennes sur le marché n'est en revanche pas vue comme une menace pour les prix. Selon le secrétaire exécutif de l'Initiative Cacao Ghana, « les volumes produits, si tant est qu'ils soient confirmés, ne seront pas d'un niveau suffisant pour peser sur les cours. »
Alex Assanvo est plus inquiet par le boom de la production de l'Équateur et du Brésil, des pays qui affichent des rendements trois à quatre fois plus élevés que ceux du continent africain.