Le Bénin souhaite attirer les entrepreneurs français pour accompagner son industrialisation, et il s'en donne les moyens : une délégation vient d'effectuer un tour de France des PME de l'hexagone. C’est une première et déjà un succès avec des retombées très concrètes.
En labourant les régions françaises pendant une dizaine de jours, avec des étapes dans six grandes villes, dont la capitale, les animateurs de ce roadshow à l’américaine ont identifié, rencontré plus de 300 entrepreneurs français intéressés par une installation au Bénin. La startup Innov Biotech a été la plus rapide à réagir, et son patron est prêt à venir dans les semaines qui viennent à Cotonou pour accélérer l'implantation d’une usine locale. Quatre ou cinq autres entreprises sont en phase de réflexion. « On continue à travailler avec elles pour transformer l’essai » affirme Laurent Gangbes, le directeur général de l’Agence de promotion des Investissements et des Exportations, l'homme à l’origine de cette initiative totalement inédite.
Une initiative il faut le dire assez inhabituelle de la part d’un pays du sud
Car les Béninois sont pressés de voir grandir le parc industriel de Glo-Djigbé. Cette zone économique spéciale située à 45 km au nord de Cotonou est le moteur de la politique industrielle hyper volontariste menée par le président Talon. La zone accueille déjà plus d'une trentaine d’entreprises, pour la valorisation de la noix de cajou, du soja et du coton. Mais pas une seule entreprise française. Le constat, les regrets sont partagés au plus haut niveau de l'État, lors de la visite d'Emmanuel Macron, mais sans suite. Laurent Gangbes met donc sur pied ce voyage. Avec le soutien enthousiaste du directeur Afrique de la Banque Publique d’Investissement, soucieux de proposer aux PME françaises de nouveaux débouchés à l’international. Après tout, « Cotonou n’est qu’à six heures de Paris, Français et Béninois ont une langue en commun » plaide Laurent Gangbes. Une base précieuse pour ce qu’on appelle déjà à Paris de la co-industrie.
Les Béninois viennent chercher en France des compétences bien précises
Leur objectif est d'exporter vers les marchés les plus rémunérateurs, l'Europe ou l'Amérique du Nord. Il faut donc des produits aux normes et aux qualités requises pour ces marchés. Pour y parvenir, ils souhaitent bénéficier de l’expertise tricolore dans la pharmacie, l’agro-alimentaire, et le tourisme, c'est-à-dire dans les secteurs où il y a une réelle valeur ajoutée du made in France. Pour l’industrie textile, qu’ils sont en train de développer de l’arbre à coton jusqu’à la confection, ils regardent plutôt du côté de l'Asie, dans la région qui domine aujourd’hui ce marché.
Quels sont les atouts du Bénin pour attirer les investissements étrangers, et français en particulier ?
Dans la compétition mondiale, ce petit pays frontalier du Nigeria doit d’abord rappeler qu’il existe, et qu'il est attractif. Des conditions très avantageuses sont donc proposées aux chefs d'entreprise. D'abord, un cadre fiscal alléchant : pas d’impôts pendant 17 ans ainsi que des exemptions de droits de douane. Ensuite l'accès à l'électricité à la fois sûre, abordable, et en grande partie décarbonée, une vraie gageure en Afrique. Enfin, une main d’œuvre que l’État s’engage à former. Innov Biotech y croit et aimerait implanter sa première usine africaine au Bénin. Pour fabriquer un test de résistance à l’insuline, un moyen de détecter les profils à risque face aux diabètes de type 2. Un fabricant d’aliment destiné au bétail est en phase de réflexion, il est tenté par le rapprochement avec ses clients nigérians. D'autres rendez-vous sont prévus. La BPI invite de son côté les industriels français à participer à un voyage au Bénin en décembre, pour qu'ils puissent juger sur pied.