Une nouvelle réglementation européenne, entrée en vigueur lundi 18 août, fixe des objectifs de recyclage des batteries électriques à tous les acteurs de la filière. Un processus compliqué, long et coûteux, mais nécessaire pour favoriser la transition énergétique.
Les batteries électriques sont un des piliers de la transition énergétique, pour sortir des énergies fossiles, d'une économie carbonée et polluante, à condition bien sûr que cette électricité ne soit pas produite par des centrales à charbon par exemple. Mais même si l'électricité est sale, au moins les voitures électriques n'intoxiquent pas nos poumons fragiles.
Recycler les batteries reste un luxe, même si le mot peut paraître un peu fort – on n'est pas chez Chanel ou Gucci. Mais le recyclage des batteries s’avère coûteux et compliqué, et certaines techniques ne sont pas encore toutes au point. Il faut d’abord récupérer ces batteries, les trier, les démonter, à la main ou avec des robots. C’est long et peut-être dangereux, avec des risques d'incendies. Ensuite, les batteries sont broyées, souvent dans une atmosphère sans oxygène, pour éviter toute explosion. Ce qui intéresse dans le recyclage, c'est surtout la récupération de ce qu'on appelle les métaux rares, le lithium, le cobalt ou encore le nickel. À cette étape, ils sont sous forme de poudre.
Le processus n'est pas encore terminé. Il faut séparer les éléments chimiques, en chauffant cette poudre à une température qui dépasse largement les 1 000 °C : également très énergivore. Pour le lithium, on n'arrive pas encore à tout récupérer. Il existe une autre technologie : la poudre est dissoute dans des bains chimiques. C'est efficace, y compris pour le lithium, mais on en est encore aux débuts, et c'est aussi un des buts recherchés de la nouvelle réglementation européenne : inciter les industriels à innover.
Au terme du recyclage, un processus long et coûteux, le résultat est sans appel : aujourd'hui, une batterie recyclée coûte plus cher à fabriquer qu'une batterie neuve. D'un strict point de vue économique, il vaut mieux aller creuser une montagne, polluer des nappes phréatiques et exploiter des ouvriers sous-payés plutôt que recycler les métaux rares. Aujourd'hui, la voiture électrique est une voiture propre qui roule grâce à des batteries qui ne sont pas tout à fait propres.
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Pourquoi vouloir recycler si c'est cher et compliqué ? Parce qu'on n'a peut-être pas envie que la planète devienne complètement une gigantesque décharge aux ressources naturelles épuisées. C'est aussi cela l'écologie : tenter de réguler les excès du capitalisme. Alors c'est vrai, le recyclage des batteries électriques n'est pas aussi performant que le verre et l'aluminium, qui se recyclent à l'infini. Mais une batterie recyclée par rapport à une batterie neuve, c'est 20 % de CO2 en moins. Un gain écologique pour un coût financier qui doit être supporté par les États, les entreprises et les consommateurs.
Pour les États, le recyclage est aussi une question de souveraineté. Dans cinq ans, l'Europe aura besoin de près de vingt fois plus de lithium qu'aujourd'hui. Dans cette histoire, comme dans bien d'autres, la Chine a déjà dix longueurs d'avance. Elle contrôle environ les deux tiers des capacités mondiale de recyclage des batteries électriques. C'est ce que l'Europe voudrait éviter : devoir importer des batteries recyclées made in China.
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