logo
episode-header-image
Aug 16
7m 57s

Liban, la culture malgré tout: le sud, t...

Rfi
About this episode

Le Liban commémore cette année 50 ans du début de la guerre civile. Mais une guerre en chasse une autre dans ce petit pays de 4 millions d'habitants qui compte presque autant de Libanais que de réfugiés syriens et palestiniens. Et malgré toutes ces catastrophes, la créativité libanaise est à son apogée. Beyrouth fourmille d'expositions, pièces de théâtre, festivals de toutes sortes, cinéma, musique et le public est au rendez-vous. On vous propose de vous emmener dans cette vitalité tous les dimanches de ce mois d'août. Liban : la culture malgré tout. Direction le sud, région qui a le plus souffert durant la guerre civile et pendant la guerre menée par Israël contre le Hezbollah. Des villages entiers furent détruits, mais la population ne baisse pas les bras, entre initiatives environnementales et créativité.

« Tu sens l'odeur, il y a un tilleul sauvage en haut qui sent ! Donc, tu vois les tonnelles en bas, après il y a un terrain et tu montes comme ça, jusqu'en haut. Là, les arbres ont grandi, mais derrière, tu as toute une forêt de cèdres ». Mabelle Serhal vit dans un petit paradis entre oliviers, pommiers et cultures en terrasse. Nous sommes dans la région de Jezzine, pas loin de Saïda, la ville principale du sud du Liban. Ce sud qui, il y a peu, vivait sous le vrombissement constant des drones israéliens. Et pourtant, Mabelle, avec son mari Bechara, poursuivent leur projet de maisons et tables d'hôtes :

« C'est ça qu'on avait commencé à établir pour faire des maisons, en essayant de ne pas toucher aux gros rochers. Parce que c'est ça qui fait que cette région est magnifique. On voulait donner aux gens la possibilité de vivre pendant un moment, une nuit, un mois, j'en sais rien, en pleine nature. »

Ali Karout, lui, se trouve près de Saïda. Il se consacre à la céramique depuis une dizaine d'années : « Ça, c'est l'argile libanaise locale. La couleur est grise au départ, mais après la cuisson, elle devient rouge car cette terre est riche en fer. C'est comme ça qu'on pétrit cette argile, pour la rendre homogène et enlever toutes les bulles d'air avant le passage au four. »

Et comme la région d'Ali dans le sud du Liban est en proie régulièrement à l'insécurité, il a ouvert un autre atelier à Beyrouth, dans le quartier d'Ashrafieh, avec son complice Hassan Kamel el Sabah, où ils utilisent le savoir-faire traditionnel : « On travaille beaucoup avec des artisans dans le Chouf. Beaucoup de céramistes libanais n'utilisent que de l'argile importée, donc on essaye de lancer, de créer une petite mode en utilisant l'argile locale, qui est en général vue comme une argile pas très propre. Elle n'est pas blanche, donc pour émailler, c'est plus compliqué. On arrive à avoir moins de couleurs vives. »

« Nous avons d'abord commencé ici, en petit comité. Et nous avons été surpris par l'engouement pour cette terre locale rouge qui rappelle finalement la cruche traditionnelle ou ces plats qu'on utilise pour les mezzés. Nous avons à l'atelier des personnes de tous les âges, de la vingtaine à plus de 60 ans, qui viennent apprendre le travail de cette terre et qui créent des objets décoratifs pour leur intérieur comme tout artiste », raconte Hassan Kamel el Sabah.

Soucieux de leur patrimoine comme de l'environnement, Ali et Hassan, céramistes, tout comme Mabelle, entrepreneure, sont aussi attachés à ce sud du Liban. Un sud qui a sans doute échappé à l'urbanisation anarchiste qui ravage le Liban, car plus qu'ailleurs, il a été en proie à la guerre.

« Profitez de la nature. Et ça, c'est je pense très important, pour l'humain aujourd'hui, en tout cas. C'est un peu houleux ce qui se passe dans le monde. Dernièrement, on a eu peur. J'ai peur quand ça éclate. On était là tout le temps. On garde espoir. C'est pour ça que l'on construit tout ça, et c'est pour ça que l'on dit aux gens : "Venez, venez, le sud est beau" », s'enthousiasme Mabelle.

Le sud est beau, et sa population, qui souffre aussi d'un sentiment d'abandon de la part de l'État libanais, résiste et survit encore plus que dans le reste du pays.

À lire aussiLiban la culture malgré tout: Beit Beyrouth, l'héritage d'un passé douloureux pour ne pas oublier

Up next
Aug 17
Rue des artistes: à Nairobi, le collectif Kuona fait rayonner les arts
Suite de la série qui vous emmène tout au long de l’été dans les lieux où l’art vibre et se crée sur le continent. Pour ce sixième rendez-vous direction le Kenya. Et plus précisément sa capitale, Nairobi. Le collectif Kuona y rassemble une vingtaine d’artistes, dans un groupe de ... Show More
3m 31s
Aug 16
Voyage à Nantes: plongée au cœur de l'étrangeté avec Jenna Kaës
Cette année, l'exposition à ciel ouvert Voyage à Nantes nous emmène au cœur de « l'étrangeté », thème de l'édition 2025. Parmi les œuvres exposées au sein de ce parcours urbain de 20 kilomètres, celle de l'artiste designer Jenna Kaës propose de combler les lacunes de l'histoire d ... Show More
2m 34s
Aug 15
Les raisons du succès indéniable des livres de cuisine en France
En France, la traditionnelle rentrée littéraire commence à remplir les rayons des librairies : 484 romans sont annoncés et la concurrence sera rude. Et si le secteur de l'édition n'échappe pas à la crise, certains tirent leur épingle du jeu comme les livres de cuisine. Cuisine du ... Show More
2m 28s
Recommended Episodes
Aug 15
Best of - Georges Salinas a participé à l'assaut du Bataclan
Best of "Une vie comme un film d'espionnage" diffusé le vendredi 15 août 2025 à 13h55 sur France 2.Georges Salinas a appartenu à la brigade criminelle où il a travaillé sur des grandes affaires comme celle de Thierry Paulin. Puis à la BRI, il a été impliqué dans les assauts des a ... Show More
25m 38s
Mar 2025
"La cache" le tout dernier film de Michel Blanc
C’est le dernier film de Michel Blanc. Dans “La Cache”, le comédien disparu le 3 octobre 2024 interprète un médecin excentrique, contraint de se cacher chez lui pendant la seconde guerre mondiale et à nouveau coincé avec les siens à Paris pendant les évènements de mai 68. A ses c ... Show More
12m 3s
Apr 2024
L'éclairage public
L'éclairage public tel qu'on l'entend aujourd'hui date du 17e siècle, lors du règne de Louis XIV. Nicolas de la Reynie, lieutenant général de la police, souhaite alors renforcer les mesures de sécurité et... de surveillance policière. Car amener la lumière dans la rue, c'est y am ... Show More
27m 56s
Feb 2025
Guerres culturelles : vrai enjeu de société ?
Après des mois de débats, le programme d’éducation à la sexualité a été publié ce jeudi en France. Ses détracteurs n’hésitent pas à dénoncer une guerre culturelle à travers ce texte, qui menacerait les valeurs traditionnelles. Un terme qui ne cesse de prendre de l’ampleur, alimen ... Show More
29m 30s
Mar 2023
Le Beau et le Bien 2/4 : La beauté est-elle toujours scandaleuse ?
durée : 00:58:05 - Avec philosophie - par : Géraldine Muhlmann - En raison de sa capacité à faire irruption dans le monde, la beauté nous trouble et nous déloge. La beauté n'est-elle pas toujours scandaleuse en elle-même et par elle-même ? - invités : Martin Rueff Professeur de l ... Show More
58m 5s
May 2024
#127 Rachida Brakni : « Je me suis dit qu’il est peut-être temps aussi pour nous, Français issus de l’immigration, de commencer à investir le champ littéraire »
Rachida Brakni, comédienne, metteuse en scène, ancienne pensionnaire de la Comédie Française et chanteuse (avec Gaëtan Roussel), vient d’ajouter une corde à ses arts en publiant son premier livre « Kaddour (Stock), un récit autobiographique en hommage à son père disparu en août 2 ... Show More
53m 3s
Jun 23
LA STAR DU JOUR - Daniel Balavoine : "Sauver l'amour" réorchestré par Victor Le Masne
Le classique "Sauver l'amour", sorti après la mort de Daniel Balavoine, s'offre une nouvelle jeunesse grâce au musicien Victor Le Masne, le directeur musical des derniers Jeux olympiques de Paris. Il a réorchestré ce morceau en gardant la voix d'origine de Daniel Balavoine. C'est ... Show More
3 m
Jun 2024
Alain Baraton
Tous les jours dans Culture Médias, Thomas Isle dresse le portrait sonore de l'invité. Ce mercredi, c’est Alain Baraton, jardinier en chef du Domaine national de Trianon et du Grand Parc de Versailles, pour son livre "Le livre de la rose" aux éditions Grasset. 
7m 22s