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Apr 9
4m 5s

Pourquoi faut-il irriguer les cultures e...

Rfi
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Un forum sur l'irrigation innovante se tient à Dakar jusqu'à la fin de la semaine. L'occasion de faire le point sur des méthodes modernes ou ancestrales sur l'utilisation de l'eau en agriculture.

Des chefs d’État et de gouvernement sont attendus aujourd’hui à Dakar pour le Forum sur l’irrigation qui se tient toute la semaine dans la capitale sénégalaise, 12 ans après la Déclaration de Dakar, adoptée par les pays du Sahel, et son objectif ambitieux d’atteindre 1 million d’hectares irrigués. L’irrigation de l’agriculture est une nécessité – et pas qu’en Afrique d’ailleurs. Il y a 10 000 ans, le Sahara était tout vert, l’eau ne manquait pas. Aujourd'hui, même si on est loin des sécheresses des années 1970 et 1980, l’accès à l’eau et sa gestion demeurent des questions majeures, alors que l’agriculture fait travailler plus de la moitié de la population active sur tout le continent africain.

L'irrigation s'impose notamment en raison de la qualité des sols, et de périodes de sécheresse qui peuvent intervenir même pendant la saison des pluies. « Au sein d'une saison des pluies, on peut avoir plusieurs semaines de sécheresse totale, constate Bruno Barbier, agro-économiste au Cirad, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement. Ensuite, il y a aussi le fait que les sols en Afrique ne retiennent pas très bien l'eau. Ce sont souvent des sols indurés en surface et l'eau tend à ruisseler sur ces sols plutôt qu'à s'infiltrer ».

Pompes et goutte à goutte

L'irrigation d'immenses terres agricoles sur des milliers d'hectares, développée après les indépendances, est un peu passée de mode. Les solutions durables et résilientes évoquées au Forum de Dakar ciblent notamment les petits paysans, puisque 70% de la nourriture en Afrique est produite sur de petites exploitations. Les pompes solaires ont le vent en poupe. Elles coûtent de moins en moins cher (made in China évidemment), et pour contourner la frilosité des banques, peu prêteuses, des systèmes d’avance sont mis en place directement entre les petits agriculteurs et les fournisseurs.

Une fois l’eau pompée, de nombreux paysans continuent d'arroser à la main, a remarqué Bruno Barbier, qui travaille en Afrique depuis 40 ans : « L'arrosage à la main parmi les petits paysans, c'est encore la règle. Ils ont souvent l'impression d'économiser l'eau ». Le goutte à goutte, pourtant, est plus économe en eau, et plus efficace car l'eau pénètre lentement jusqu'aux racines. Mais le goutte à goutte a aussi des inconvénients : cher à l’achat, il ne dure pas longtemps. « Beaucoup de paysans abandonnent assez rapidement parce qu’il y a les problèmes de bouchage des petits orifices, précise Bruno Barbier. Les eaux qu'on utilise sont souvent chargés en fer, parfois en calcaire, aussi en argile. Ça bouche les trous. Il faut un entretien, et souvent le matériel au bout de trois ans n'est plus utilisable ». C’est un peu le même problème que rencontrent les bandes aspersantes, une autre solution efficace et économe en eau.

Le zaï, méthode ancestrale

Et puis face à toutes ces techniques modernes d'irrigation, il y a une méthode ancestrale qui a fait ses preuves : le zaï, très utilisé au Burkina Faso où un homme, Yacouba Sawadogo, l’avait popularisé. « Ça consiste simplement, je dis simplement mais c'est quand même assez dur à mettre en place, ça consiste à creuser un trou d'une dizaine de centimètres de profondeur et d'une trentaine de centimètres de diamètre », expliquait dans l’émission C’est pas du vent Seydou Kaboré, le directeur de la Ferme pilote de Guié, à une soixantaine de kilomètres de Ouagadougou. La pluie est ainsi capturée. Avec des rendements excellents : jusqu'à trois fois plus de récoltes pour le mil ou le sorgho.

L’agriculteur bénéficie aussi d’un allié précieux, un tout petit animal qui a pourtant mauvaise réputation : les termites. « Les paysans ont tendance à détruire les termitières, parce qu’elles prennent de l'espace. Mais les termites ont le même rôle que les vers de terre en Europe par exemple, ils malaxent la terre, ils dégradent la matière organique, la rendant assimilable », décrit le Franco-Burkinabé Damien Deville, auteur d'une biographie de Yacouba Sawadogo, L'homme qui arrêta le désert. Dernier avantage du zaï : il permet aussi de capter 50% de CO2 de plus qu'une culture classique. Bon pour l’agriculture, le zaï est aussi bon pour le climat.

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