Cet été, tous les regards se tournent vers Paris. Pour la troisième fois de son histoire, la ville lumière accueille les Jeux olympiques, après ceux de 1900 et 1924. 100% création aborde l’esprit créatif de ces Jeux. Aujourd’hui : Dominique Antérion, conservateur des collections de la Monnaie de Paris, et David Lebreton, scénographe et co-fondateur de l’agence Designers Unit.
Ils nous parlent de l’exposition : d’or, d’argent, de bronze. Une histoire de la médaille olympique qui se tiendra jusqu’au 29 septembre, au musée de la Monnaie de Paris. Elle met en évidence l’art et l’histoire de la médaille olympique. Un objet que la Monnaie de Paris connait bien en tant que fabricant historique de médailles.
Pour moi, la création, justement, je crois que je l'ai véritablement abordée avec cette exposition.
Dominique Antérion, conservateur des collections de la Monnaie de Paris :
La création, un petit peu tel que nous nous l'entendons de manière occidentale, aujourd'hui, avec son côté design, en effet, créatif, gratuit, presque pour le plaisir finalement de l'œil et au service de la pédagogie. Et cela, c'était une découverte.
David Lebreton, scénographe et co-fondateur de l’agence Designers Unit :
La scénographie apporte du beau. Je pense qu'il faut assumer pleinement que l'exposition, en plus de présenter les choses, marque les esprits. Elle est mémorable et elle propose un moment de plaisir séduisant. Nous ressortons avec l'idée que peut-être, il faut inviter les autres à venir.
De l'Antiquité à nos jours, c'est l'instant de la Victoire et de la Récompense que l'exposition D’or, d’argent, de bronze – une histoire de la médaille olympique raconte, à travers la médaille elle-même, mais aussi à l’aide d’objets, d’images et d’archives pour mieux comprendre ce qu’elle représente et symbolise. Dominique Antérion, conservateur des collections de la Monnaie de Paris, nous raconte l’origine de l’exposition :
C'était tellement logique que ce soit nous qui organisions une exposition et avec notre nom et la réputation de la maison, c'était, disons, quasi acquis que nous puissions faire venir à Paris pour les Jeux toutes les médailles que nous avons empruntées au musée de Nice ou au musée olympique de Lausanne, par exemple.
Sincèrement, jamais je ne me serais intéressé à la médaille olympique. Je ne suis pas un spécialiste de la médaille, encore moins un spécialiste du sport, donc, reconnaissez que les planètes n'étaient guère alignées pour que je puisse travailler sur le sujet. Mais c'est la curiosité qui a été la plus forte. Cette curiosité a été dynamisée par la montée en puissance de l'esprit des Jeux. Cela fait un an et demi que nous travaillons sur ce projet. C'est très peu. Les scénographes de l'exposition, nous leur avons accordé encore moins de temps pour établir du scénario. Mais je pense que tout le monde a eu cette même motivation de faire partie de l'événement à notre manière, sans courir un sprint, quoique ce fût un sprint au niveau de la scénographie.
Le scénographe hérite de la curiosité, d’une liste d’œuvres, d’un espace donné afin de créer une mise en espace de toutes ces idées et de valoriser les collections de Monnaie de Paris. David Lebreton :
C'est toute la beauté de la scénographie, c'est de faire un peu la synthèse créative à la fois des contraintes matérielles et techniques, des ambitions programmatiques du commissaire, de l'institution, aussi, qui a une visée, une portée auprès de son public et puis, nous, de nos envies, de ce que nous avions envie d'apporter au projet. Nous, c'est l'idée de performance, de mouvement. Dans l'histoire de l'art, il y a un photographe qui s'appelle Eadweard Muybridge, qui a été à la fois un artiste et un scientifique, d'une certaine manière, qui a révélé au monde la structure du mouvement, et graphiquement comme scénographiquement, nous nous sommes appuyés sur cette logique de la fragmentation de la performance, du geste, de la beauté du geste. Cette exposition révèle des médailles, le pourquoi nous faisons des médailles. Pour récompenser l'effort et la performance dans l'effort. Visuellement, l'exposition, l'affiche, la communication tentent de révéler aux visiteurs cet effort, cette performance.
La Monnaie de Paris célèbre les Jeux olympiques et paralympiques, mais avant que le scénographe n’arrive, il y a une réflexion sur ce qui pouvait être réutilisé dans l’exposition antérieure. Dominique Antérion :
C'est un peu compliqué parce que des fois, nous allons avoir besoin de places là où dans l'expo d'après, nous n’en avons pas besoin et inversement. Nous sommes dans la gymnastique, pour garder la métaphore olympique et sportive, mais en effet, nous sommes dans la prospective de comment sera l'expo d'après et sans avoir forcément tout le scénario, tout le tableau d'objets et autres. Cela veut dire que toutes ces cimaises, nous n’allons pas les jeter une fois que la première expo sera terminée.
Ensuite, le fait déjà d'avoir toute une exposition en papier peint, je pense que cela doit changer pas mal de choses en termes d'impact écologique. Malgré tout, c'est une très grosse contrainte pour le commissaire puisque toute l'exposition est intégralement imprimée avant même que les œuvres ne soient présentes. Il faut être sûr que tous les espaces laissés libres pour les œuvres, là où il n'y a pas de texte, soit correctement dimensionné et au bon endroit. Je crois que chacun y a mis beaucoup du sien, et je crois que nous y sommes tous arrivés assez bien. Nous avons fait un beau travail de relais, d'équipe. Même chose pour les vitrines. Je pense que très logiquement, ce sont des vitrines que nous allons réutiliser. Il y a vraiment une pensée en écoresponsabilité avant même que l'expo ne sorte de terre.
La mission du scénographe est d’informer, présenter et marquer la mémoire des visiteurs, mais avec cette exigence écoresponsable. David Lebreton :
Le développement durable est une donnée supplémentaire, mais aussi une source de création d'une certaine manière. C'est une donnée à prendre en compte, positive, qui nous oblige à nous redéfinir en tant que créateur. Et quand je dis créateur, je pense que le scénographe n'est pas le seul créateur. Le commissaire est un cocréateur. Le fabricant a sa part de création parce qu'il amène des solutions techniques dans l'élaboration des vitrines, des cloisons, de l'impression.
Un habillage graphique total des surfaces de cloisons déjà existantes a permis de donner une identité très forte qui se décline depuis la Cour d'honneur avec un objet événementiel attractif pour les JO, dans la cour de la Monnaie de Paris. Une charte graphique qui se déploie sur une identité visuelle à travers les affiches, les cartons d'invitation dans l'exposition, à la fois avec une grande cohérence et une forme de sobriété d'action. Et le dernier point, c'est la question des vitrines. Cette matière va être réutilisée deux fois, trois fois. Moi, j'aime bien parler d'héritage dans la création, nous sommes à la fois les héritiers de choses fabriquées que nous transmettons à d'autres créateurs qui vont rejouer avec, et de la même manière, nous sommes les héritiers d'une matière, les médailles, et que nous portons aux yeux du public. Le fait d'être un « designer-passeur » est quelque chose d'assez symbolique de notre pratique à l'agence.
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