La chronique des matières premières nous emmène aujourd’hui aux États-Unis pour parler de l'uranium enrichi russe. Les États-Unis sont sur la voie pour interdire les importations de ce combustible essentiel pour les centrales nucléaires.
Depuis presque deux ans et le début de l’invasion russe de l’Ukraine, pratiquement toutes les exportations énergétiques russes, pétrole et gaz notamment, sont frappées de sanctions internationales sous l’impulsion des États-Unis. Le consortium nucléaire russe Rosatom, accusé d’alimenter la machine de guerre de Vladimir Poutine, est également lourdement sanctionné.
Pourtant, il existe une source d’énergie qui continue à arriver des usines russes jusqu’à leurs clients américains : l’uranium enrichi. La raison en est simple, les États-Unis en ont besoin. Le pays tente actuellement de relancer une filière nationale d’uranium, mais ce sont des processus longs.
En attendant, il faut importer. Il y a bien le Kazakhstan, le Canada ou l’Australie, mais l’un des principaux producteurs mondiaux, c’est la Russie. En 2021, les États-Unis ont importé de Russie 14 % de l’uranium destiné à faire tourner plus de 90 centrales américaines. C’est peut-être terminé.
Avant de partir en vacances pour les fêtes de fin d’année, la Chambre des représentants a adopté une loi interdisant 90 jours après sa promulgation l’importation d’uranium enrichi russe. Il reste encore des étapes avant que cela soit effectif, et il faut d’abord que le Sénat vote le texte. Les sénateurs, eux, sont partis en vacances sans le faire. Ils pourraient s’en occuper en 2024. Il y a sans doute une majorité pour cela, mais il faut ensuite que Joe Biden signe la loi.
Le texte comporte une subtilité : il prévoit des exceptions à l’interdiction en cas de nécessité. Autrement dit, l’importation d’uranium enrichi russe pourrait être interdite en principe, mais autorisée en pratique. Il faut dire que se passer d’un fournisseur aussi important en quantité ferait mécaniquement monter les prix du combustible et donc de l’électricité. Une assez mauvaise idée en pleine année électorale.
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