Flouz, cirque financier est un spectacle théâtral et musical qui questionne la place de l'argent dans notre société avec, sur scène, aux côtés de comédiens, acrobates et musiciens, des détenus du centre Pénitentiaire de Meaux. Cette création est l'aboutissement d'ateliers d'écriture menés pendant des mois à l’hôpital, dans une école, dans un centre d'hébergement d’urgence, dans un Ehpad et en prison. Cela fait plusieurs années que le metteur en scène Olivier Fredj et sa compagnie Paradoxe Palace animent des ateliers de théâtre au centre pénitentiaire de Meaux, en vue de la réinsertion sociale et professionnelle des détenus.
Ils ont quitté leur cellule exigüe pour l'immense salle du gymnase du centre pénitentiaire. Ici, aux côtés d'acrobates, de comédiens et de musiciens professionnels, Lounès et Farid peuvent déployer leurs corps et leur voix le temps de la répétition. Comme son nom l'indique, flouz, le thème de la pièce, c'est l'argent, et ça les inspire.
« On m'a dit que c'était projet flouz, en rapport avec l'argent, donc ça nous a encore plus donné envie de le faire parce que c'est quelque qu'on aime bien l'argent. Donc oui, c'est ça, c'est le manque d'argent. On a envie de s'acheter des choses, on veut tout, tout de suite. C'est ce qui nous pousse à faire des bêtises. »
Il a la gestuelle d'un chef d'orchestre. Olivier Fredj est un metteur en scène engagé. Pour écrire le spectacle, il a recueilli la parole de personnes qui sont à l'hôpital, en Ephad ou en prison.
« L’argent était d’abord à 80% la raison pour laquelle les gens étaient emprisonnés, et ensuite une vraie question. C'est-à-dire qu'une fois qu'on est sorti de la société civile ici parce qu'ils ont plus leurs droits civils à l'Ehpad et au Samu social pour d'autres raisons, l'argent n'a plus du tout le même rapport que celui qu'on. Et donc, on a des choses à dire sur les valeurs de la vie et sur les valeurs de l'argent qui sont particulièrement pertinentes et dont on peut s'inspirer. »
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Lounès et ses immenses yeux noirs, Farid et sa barbe indisciplinée partagent la même cellule. Leur surprise ? l'exigence du théâtre. « Il faut être impliqué, attentif aux déplacements, aux mouvements, à quel moment on passe, l'intonation, la manière dont on récite, à quelle vitesse… Ce n'était pas dans nos habitudes de base de faire ce genre de choses. »
Olivier Fredj, le plus souvent metteur en scène d'opéra, aime travailler avec ce public-là. « Je crois que c'est l'enthousiasme qui me touche le plus. La merveille d'un spectacle, c'est qu'à partir du moment où on fait une troupe, quelles que soient nos origines, quelle que soit notre culture, nos cultures, on a un espace commun. Et dans cet espace commun, personne n'a besoin d'oublier qui il est, mais on a un espace à plusieurs. »
Le spectacle Flouz, cirque financier aura lieu sous les dorures du Théâtre du Châtelet. Ce qui fascine ces jeunes détenus : « Pour nous, en tant que détenu, c'est un privilège. C'est l'un des théâtres les plus grands de France, ou prestigieux, il me semble. » Et pour leur plus grande fierté, seront assis sur les sièges en velours, parents et amis.