Je me souviens dâavoir vu il y a une quinzaine dâannĂ©es, une interview de Nolwenn Leroy. CâĂ©tait lâĂ©poque oĂč je regardais «Star Academy», on disait la Star Ac', et elle expliquait que petite dans la salle de bain, elle avait passĂ© des heures Ă parler avec sa soeur. Et soudainement je me rendais compte que je nâĂ©tais pas seule Ă passer un tiers de ma vie entre la baignoire et le lavabo avec la mienne. Que ces discussions si intimes, sur nos ventres, nos visages, nos futurs et nos angoisses, qui rythmaient le lent brossage de dents, ce nâĂ©tait pas juste nous. Que cette intimitĂ©, cet amour infini ce lien indĂ©fectible mĂȘme aprĂšs des centaines de dispute, tant de vexations de dĂ©saccords et de morsures Ă la cuisse, câĂ©tait la sororitĂ©. Que câĂ©tait un lien dans dâautres familles. Et je me suis mise Ă penser aux enfants uniques.
Quand je suis tombĂ©e amoureuse dâun garçon qui lâĂ©tait, je lui ai demandĂ©; «ça tâa manquĂ© toi, dâavoir des frĂšres et soeurs?». Mais il ne comprenait mĂȘme pas la question. Comme on demanderait Ă quelquâun qui nâa jamais vu la mer si nager lui manque.
L'épisode est signé Judith Chetrit.