Aux États-Unis, l’État du Michigan, pourtant habitué à faire la bascule entre démocrates et républicains, pourrait bien franchir un pas inédit dans l’histoire du numérique américain. Un projet de loi présenté le 11 septembre fait grand bruit : il propose d’interdire purement et simplement la pornographie en ligne, pour tous les habitants, adultes compris.
Baptisé Anticorruption of Public Morals Act, le texte, déposé par le représentant républicain Josh Schriver, va bien au-delà des dispositifs classiques de vérification d’âge. Il entend bannir toute représentation d’actes sexuels, qu’elle soit réelle, écrite, dessinée ou générée par intelligence artificielle. Résultat : des livres érotiques, des films, des jeux vidéo ou même des œuvres artistiques pourraient être concernés. Des films grand public comme Quand Harry rencontre Sally ou 50 Nuances de Grey pourraient, dans les faits, devenir illégaux.
Les sanctions prévues sont d’une sévérité extrême : jusqu’à 25 ans de prison et 125 000 dollars d’amende pour les diffuseurs de contenu jugé « immoral », avec inscription au registre des délinquants sexuels. Mais le projet va encore plus loin : il cible les personnes transgenres, en interdisant toute représentation ou description présentant une « déconnexion entre la biologie et le genre ». Une formulation qui pourrait rendre illégale la simple publication d’une photo ou d’un témoignage d’une personne trans, ce que les associations dénoncent comme une atteinte directe à la liberté d’expression.
Enfin, la loi prévoit de bloquer les VPN et les serveurs proxy, empêchant les internautes de contourner la censure. Les fournisseurs d’accès qui ne s’y conformeraient pas risqueraient de lourdes amendes. Une mesure digne, selon certains observateurs, des régimes autoritaires comme la Russie ou la Chine. Soutenue par cinq élus républicains, cette proposition a peu de chances d’être adoptée, le Sénat du Michigan restant à majorité démocrate. Mais elle révèle une tendance inquiétante : celle d’un mouvement conservateur américain prêt à criminaliser le numérique au nom de la moralité.
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