L’Amazonie, ce poumon vert de la planète, recèle encore bien des surprises. Une étude récente a montré que, malgré le changement climatique, les grands arbres de la forêt amazonienne continuent de gagner en épaisseur. Comment expliquer ce paradoxe ?
La clé se trouve dans le rôle du dioxyde de carbone, le fameux CO₂ que nous émettons massivement en brûlant des énergies fossiles. Ce gaz est le principal responsable du réchauffement climatique, mais c’est aussi la matière première de la photosynthèse. Les arbres utilisent le CO₂ comme carburant pour fabriquer leurs tissus. Résultat : plus il y en a dans l’air, plus ils disposent de ressources pour croître. On parle d’effet fertilisant du carbone.
Dans les forêts amazoniennes restées intactes, cet effet se traduit par un épaississement des troncs. Les chercheurs ont constaté que certains grands arbres accumulent davantage de biomasse qu’auparavant, stockant ainsi plus de carbone dans leur bois. C’est une sorte de cercle vertueux : plus de CO₂ alimente leur croissance, plus ils en absorbent et le retirent de l’atmosphère.
Mais cette bonne nouvelle cache une réalité plus complexe. Car le même CO₂ qui nourrit les arbres est aussi celui qui dérègle le climat. Et ce dérèglement fragilise leur survie. Des températures plus élevées, des sécheresses plus intenses, des incendies plus fréquents : autant de menaces qui augmentent le risque de mortalité des arbres. En clair, ils grandissent plus vite, mais ils sont aussi plus vulnérables.
Pour l’instant, dans les zones d’Amazonie non perturbées par l’homme, le premier processus — la croissance stimulée par le carbone — l’emporte encore. Mais cette balance reste fragile. La déforestation, qui ronge chaque année des millions d’hectares, pourrait tout faire basculer. Quand on abat un arbre, on libère le carbone qu’il stockait, et on détruit un régulateur naturel du climat. À grande échelle, cela réduit la capacité de la forêt à jouer son rôle de puits de carbone, et annule les bénéfices observés.
En résumé, si les grands arbres d’Amazonie gagnent aujourd’hui en épaisseur, ce n’est pas un signe de bonne santé durable, mais plutôt une réaction d’adaptation face à nos émissions. Un sursis offert par la nature, que nous risquons de gâcher si la déforestation continue à ce rythme. L’Amazonie reste un allié essentiel contre le réchauffement, mais encore faut-il lui laisser la chance de respirer.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.