logo
episode-header-image
Sep 25
7m 37s

Chute de Vital Kamerhé en RDC: «Le silen...

Rfi
About this episode

Pourquoi Vital Kamerhé a-t-il démissionné lundi 22 septembre de son poste de président de l'Assemblée nationale de la République démocratique du Congo (RDC) ? Est-ce le signe que le président Tshisekedi et lui ne s'entendent plus et qu'après huit ans d'alliance entre les deux hommes, Vital Kamerhé va passer dans l'opposition ? Car sa chute a été en partie entraînée par une pétition, signée par une majorité de députés du parti au pouvoir UDPS. Trésor Kibangula est analyste à Ebuteli, l'Institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence. En ligne de Kinshasa, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier.

RFI : Trésor Kibangula, à l'origine de la chute de Vital Kamerhe, il y a une pétition signée par 262 députés, en majorité membres du parti au pouvoir UDPS. Pourquoi cette pétition ?

Trésor Kibangula : Je pense que Vital Kamerhe a cumulé plusieurs fragilités. Vital Kamerhe a incarné un style trop personnel pour certains, presque solitaire, ce qui a fini par provoquer ou précipiter son départ.

Et si la vraie raison est politique comme vous le dites, est-ce parce que le parti au pouvoir UDPS veut reprendre le contrôle de l'Assemblée nationale ?

Ici, le timing, je pense, est révélateur parce qu’au début de la session, on a vu l'UDPS dire que le parti n'est pas le seul à être à l'initiative parce que les pétitionnaires se comptaient autour de 260. Donc, il y avait d'autres membres de l'Union sacrée qui voulaient aussi le départ de Vital Kamerhe. Donc l'UDPS essaye de se cacher derrière. Kamerhe l'a compris, il a demandé même pardon. Donc, c'était quand même le signe qu'il savait que son mandat vacillait. Et à ce moment-là, je pense qu'il aurait suffi d'un mot d'ordre du chef de l'Etat pour le maintenir. Or, ce signal n'est jamais venu. Donc, je pense que le silence présidentiel a beaucoup pesé, plus lourd que toutes les pétitions. Donc Félix Tshisekedi, qui est aussi chef de l'UDPS, n'a pas directement poussé Kamerhe dehors, mais il a choisi de ne pas le retenir.

Alors, il y a quelques jours, lors de son déplacement à New York, le président Tshisekedi a dit qu'il n'était pour rien dans les problèmes de Vital Kamerhe et que c'était de la cuisine interne à l'Assemblée nationale. Vous pensez au contraire qu'il a laissé faire, voire même qu'il a initié cette démarche contre Vital Kamerhe ?

Je pense effectivement que beaucoup de choses peuvent expliquer cette chute. On a vu l'échec ou la suspension du projet de la réforme constitutionnelle. En fin de l'année dernière, on parlait d'une possible révision de la Constitution pour permettre au chef de l'Etat de se représenter pour une troisième fois. Beaucoup ont reproché à ce moment-là à Vital Kamerhe de ne pas s'aligner sur le président Tshisekedi. Vital Kamerhe, par son profil indépendant et ses ambiguïtés stratégiques, devenait à mon sens un luxe que Félix Tshisekedi ne pouvait plus se permettre.

Voulez-vous dire que, pour modifier ou changer la Constitution, il faut un feu vert du président de l'Assemblée et que Félix Tshisekedi n'était pas du tout certain qu'il aurait ce feu vert de la part de Vital Kamerhe ?

Je pense que le président de la République et son camp se sont rendu compte que Vital Kamerhe ne se mouillait pas lorsqu'il y avait ces débats autour de la réforme constitutionnelle. Et il y a eu le fait qu’il n'a pas été suffisamment aligné avec le président de la République, notamment lorsque le président a tracé la ligne rouge de ne pas discuter avec les rebelles M23. Vital Kamerhe fait partie des premiers, un des rares hommes politiques à l'époque, au sein de la majorité, qui a dit que peut-être il fallait commencer à regarder la possibilité de discuter. Il a prôné le dialogue au moment où personne ne voulait entendre parler du dialogue. C'était la ligne rouge. Et aussi, une autre fragilité, c'est le fait de ne pas prendre des positions claires lorsqu'il fallait s'aligner sur la réforme de la Constitution.

Ce n'est pas le premier revers pour Vital Kamerhe, il est déjà tombé du perchoir en 2009, du temps de Joseph Kabila. En 2020, il a fait un an de prison. En 2024, il a failli être assassiné à son domicile. Qu'est-ce qu'il peut faire à présent ?

C'est très difficile. Je pense qu'il avait deux options immédiates. La première, c'était de dire « OK, je suis tombé, mais je reste dans la majorité ». Ou de se dire « OK avec mes députés, je m'en vais, je vais faire de l'opposition républicaine parce que j'exclus à ce stade un éventuel ralliement aux groupes rebelles ». S'il voulait le faire, je pense qu'il avait plusieurs occasions avec ses sorties répétées à l'extérieur du pays. Même avant l'ouverture de la session de septembre, il était à l'extérieur du pays et il n'a pas rejoint Goma. Donc, s'il est revenu à Kinshasa, sachant qu'il y avait cette épée de Damoclès sur sa tête, c’est parce qu'il veut jouer un rôle à Kinshasa. Ce sera quel rôle ? Pour l'instant, il a dit qu'il restait au sein de la majorité présidentielle parce que aussi, je pense qu'il y a un risque à prendre en décidant d'aller dans l'opposition, alors que vous avez des députés qui sont au sein de la coalition présidentielle. Il y a très peu de députés qui allaient le suivre. Donc il n'a pas voulu prendre ce risque. Aujourd'hui, on est en 2025, mais je pense qu'entre le président Tshisekedi et Vital Kamerhe, ce sont deux stratèges politiques, ils se regardent, ils savent qu'ils sont aujourd'hui alliés d'apparence, mais que demain, ils seront très probablement des adversaires politiques.

En vue de la présidentielle de 2028 ?

En vue de la présidentielle de 2028, effectivement.

À lire aussiRDC: visé par une pétition, le président de l’Assemblée nationale Vital Kamerhe démissionne

Up next
Today
Est de la RDC: «Nous proposons d'acheminer les médicaments», dit François Moreillon, de la Croix-Rouge
Urgence médicaments dans l'est de la République démocratique du Congo. Dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, plus de 80% des centres de santé connaissent de graves ruptures de stocks de médicaments. Et ceux-ci sont souvent essentiels à la survie des patients. C'est le c ... Show More
11m 26s
Yesterday
RDC: «Nous travaillons pour atteindre un objectif, la paix durable» affirme Jacquemain Shabani
En RDC, des combats ont repris depuis quelques jours dans l'Est du pays, mais le gouvernement refuse de dramatiser. « Les indicateurs sur le retrait des troupes rwandaises de notre territoire ne sont pas encore visibles, mais nous sommes confiants qu'on va atteindre l'objectif de ... Show More
21m 22s
Oct 7
Khaled el-Enany: «Je veux d'une Unesco qui a de l'impact sur la vie des gens au delà du patrimoine culturel»
Il vient de remporter une victoire éclatante. Khaled el-Enany a été élu lundi 6 octobre directeur général de l’Unesco, avec 55 voix sur 57. L’égyptologue, ancien ministre du Tourisme et des Antiquités, devient le premier Arabe et le deuxième Africain à prendre la tête de l’Organi ... Show More
4m 18s
Recommended Episodes
Aug 21
Les grands boycotts de l'Histoire: faire tomber l'apartheid en Afrique du Sud
Nouvel épisode de la série les grands boycotts de l'Histoire, où quand des mouvements sociaux et politiques utilisent l'arme économique pour lutter contre l'oppression. De l'Irlande à Israël en passant par l'Inde, du lait en poudre au pétrole et aux bus de Montgomery, le boycott ... Show More
2m 51s
Oct 6
L'économie israélienne de plus en plus fragilisée par son isolement international
Longtemps présentée comme la « start-up nation », Israël traverse aujourd’hui une période de turbulences économiques. Guerre à Gaza, tensions régionales et désengagement de partenaires historiques plongent l’économie israélienne dans l’incertitude. Croissance en recul, fuite des ... Show More
3m 26s
Jul 11
Israël: comment le pays en guerre bat des records sur les marchés financiers
Malgré un contexte géopolitique sous haute tension, l’économie israélienne affiche des résultats spectaculaires sur les marchés financiers. Portée par un secteur bancaire solide, une industrie de la défense en plein essor et un écosystème technologique résilient, Israël étonne le ... Show More
3m 28s
Feb 2024
Gomme arabique, la crise en mer Rouge s'ajoute à la crise au Soudan
La crise soudanaise qui dure depuis bientôt 10 mois a perturbé le commerce de la gomme arabique, un additif naturel très utilisé dans les industries agro-alimentaires, cosmétiques et pharmaceutiques. Depuis janvier, la crise en mer Rouge est venue complexifier un peu plus la situ ... Show More
1m 41s
Nov 2024
Michel Barnier, une censure inéluctable ? - Ian Brossat est l'invité des 4V du 30 novembre 2024
Plus de deux ans après le début de la guerre en Ukraine, le monde est plongé dans une crise d’une ampleur inédite depuis des décennies. Ce conflit, marqué par des violences inouïes, des déplacements massifs de populations, et une escalade militaire inquiétante, menace de s’étendr ... Show More
7m 30s
May 2025
#472 - Jean-Marc Jancovici - The Shift Project, Carbone4 - L’Europe est dans la seringue : ce qui doit changer dans les 10 prochaines années
La fin de l’abondance énergétique a déjà commencé.Le déclin de l’Europe est acté pour beaucoup. Mais rares sont ceux qui en comprennent la cause profonde : une crise énergétique systémique.Jean-Marc Jancovici tire la sonnette d’alarme depuis 20 ans. Et cette fois, l’échéance est ... Show More
2h 51m
Nov 2023
Sultan al-Jaber, un président controversé pour la COP28
À deux jours de l’ouverture de la COP28 à Dubaï, son président Sultan al-Jaber vient d’être pris en flagrant délit de conflit d’intérêt. D’après la BBC, en marge de la conférence où l'on discutera de la sortie des énergies fossiles, il prépare des rencontres pour promouvoir les i ... Show More
3m 22s
Aug 29
Les grands boycotts de l'histoire: les internautes contre le «made in USA» de l'ère Trump
Pour ce dernier épisode de notre série boycott, retour quelques mois en arrière, en mars 2025, avec des appels qui se multiplient sur les réseaux sociaux pour ne plus acheter de produits américains. Cette initiative qui prend sa source au Canada et en Europe du Nord fait partie d ... Show More
4m 29s
Dec 2024
LE GRAND ISRAËL DE NETHANYAOU AVANCE ET DÉTRUIRA TOUT SUR SON PASSAGE ! | RADJAA ABOUDAGA | GPTV
Le 9 décembre 2024, François Martin, Sylvain Baron, Radjaa Abou Dagga et Mathias Leboeuf étaient les invités de La Grande Émission, animée par Mike Borowski, sur Géopolitique Profonde. Israël, acteur clé de la scène géopolitique, fait face à des tensions internationales et des cr ... Show More
1h 36m