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Sep 2
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Filippo Grandi: en RDC, «la situation re...

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Crises de financement, déplacements et retours forcés, négociation de paix à Doha : de retour à Genève après une tournée dans les Grands Lacs, le patron du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés est le Grand invité Afrique de RFI ce mardi 2 septembre. Filippo Grandi appelle à dépolitiser la question des réfugiés dans la région et ne cache pas ses inquiétudes. 

Crises de financement, déplacements et retours forcés, négociation de paix à Doha : de retour à Genève après une tournée dans les Grands Lacs, le patron du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés est le Grand invité Afrique de RFI ce mardi 2 septembre. Filippo Grandi appelle à dépolitiser la question des réfugiés dans la région et ne cache pas ses inquiétudes.

RFI : Filippo Grandi, qu'est-ce qui vous a le plus frappé sur le terrain ?

Filippo Grandi : La situation continue d'être assez catastrophique pour les civils. J'ai visité des petites communautés rurales près de Goma [capitale de la province du Nord-Kivu, dans l’est de la RDC, NDLR], où les gens sont rentrés récemment. Depuis des années de déplacement, ils n'ont absolument rien et c'est très difficile aussi pour des raisons non seulement logistiques et financières, mais politiques, d'amener l'aide à ces personnes. Alors, il y a bien sûr cette fenêtre d'opportunité fournie par les Accords de Washington [entre la RDC et le Rwanda, NDLR] et peut-être encore plus important, le processus de paix à Doha, au Qatar [entre la RDC et le groupe politico-militaire AFC/M23, NDLR]. Il faut absolument que ces négociations continuent, parce que c'est le seul espoir de sortir d'une situation désespérée qui dure maintenant depuis des décennies.

On l'a vu la semaine précédente encore, des affrontements ont éclaté dans l'est de la RDC. Est-ce qu'il y a vraiment une fenêtre de compromis ou est-ce qu'on est dans un statu quo où chacun fait semblant de négocier pour gagner du temps, comme le disent certains analystes ?

C'est absolument vrai que, pour l'instant, ces pourparlers n'ont pas eu un effet sur le terrain. Cela dit, j'ai rencontré tous les leaderships à Kinshasa, à Kigali et à Goma et bien qu'il y ait beaucoup de cynisme et scepticisme, tout le monde est toujours autour de la table. C'est le seul espoir. L’alternative, c'est une situation encore plus catastrophique pour des millions de civils et c'est ce que tout le monde dit. C'est intéressant que tout le monde se plaigne, tout le monde se plaigne des autres en disant qu’« ils sont de mauvaise foi, ça ne va pas marcher ». Mais en même temps, ils disent « mais on doit continuer parce qu'on n'a pas d'alternative ».

Dans un rapport paru en juin, Human Rights Watch accuse le HCR d'avoir facilité le transfert forcé de civils par le M23 en mai dernier. Ça pourrait, selon cette ONG, constituer un crime de guerre. Qu'est-ce que vous répondez à ces accusations ?

Le rapport n'est pas complètement exact. C'est-à-dire que ces personnes ont été identifiées par le M23 sans aucune implication du HCR. On a été contacté seulement à la fin, quand il y a eu des difficultés entre le M23 et le Rwanda concernant le retour de ces personnes. Donc, à ce point-là, il n'y avait pas d'autre choix, mais de s'assurer que ces personnes qui allaient au Rwanda puissent être suivies, et ce qu'on a fait après leur retour. Dès lors, on a eu d'autres mouvements. On en a eu un il y a une dizaine de jours. On en prépare un autre. Et là, on a pleinement accès aux personnes candidates au retour et on peut vérifier la volonté de ce retour.

Je rappelle qu'en juin, le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) lui-même avait expliqué qu'en effet, toutes les garanties pour un retour volontaire n'avaient pas pu être vérifiées. On sait par ailleurs qu'une partie de ces réfugiés, de ces personnes, avait été amenée à la frontière manu militari par le M23. Ça veut dire que le HCR n'a pas d'autre choix que de se plier à ces pratiques, dans un tel contexte ?

Non, je le répète, ceci se réfère au mouvement qui s'est passé avant. Là, on a fait un mouvement il y a quelques jours, de 533 personnes. Ce mouvement, on a vérifié que c'était volontaire pour tout le monde. Et j'ai l'engagement du M23 qu'on va continuer à opérer de cette façon et non pas comme la première fois.

Vous lancez également un appel à plus de solidarité internationale vis-à-vis de la situation des déplacés et des réfugiés dans le monde. Les appels de fonds du HCR sont financés à moins de 30 %. Certains pourraient être tentés de dire que l'ONU alerte mais que rien ne change. Qu'est ce qui pourrait donner espoir aujourd’hui ? Qu'est-ce que vous voudriez dire à ce sujet ?

Que je suis très inquiet… Je ne sais pas si je peux donner de l'espoir. Parce que s'il y a une fenêtre d'opportunité et qu'on peut faire plus à l'est du Congo. Supposons, car j'ai eu quand même des garanties du M23 qu'on aura accès aux populations en détresse. J'ai eu des discussions à fond avec les autorités à Kinshasa pour que l'aide puisse être acheminée. Mais, si on arrive à tout ça et puis on n'a pas de fonds, c'est l'ironie tragique de cette situation financière désespérée de toute la communauté humanitaire internationale. On n'a pas débloqué ça encore. Les fonds des États-Unis restent largement bloqués et beaucoup de grands donateurs européens, dont la France, sont en train de réduire l'aide humanitaire.

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