Surprise hier : le Premier ministre français annonce qu’il va engager la responsabilité de son gouvernement sur son plan d’économies budgétaires. Ce sera le 8 septembre devant l’Assemblée nationale réunie en session extraordinaire. Seulement voilà, l’opposition est vent debout contre ce projet et elle votera la censure…
Résultat, pointe Libération, « Bayrou s’auto-dissout : vu le niveau de sa cote de popularité et l’ampleur des mouvements sociaux qui se préparent, foutu pour foutu, François Bayrou a donc choisi de faire tapis en sollicitant ce vote de confiance. Suicidaire ou courageux, il y a sans doute un peu des deux dans cette annonce qui, après un bref moment de sidération, a été prise au mot par tous les partis d’opposition qui ont assuré qu’ils ne voteraient pas la confiance. »
« François Bayrou seul contre tous », renchérit Le Figaro. « Il pariait sur un quitte ou double. Vainqueur, il serait sorti plus fort de cet épisode. On sait déjà que le plus probable semble devoir être la chute de son gouvernement ».
Et pourtant, soupire Le Figaro, « son constat était sombre, mais lucide. Sa leçon était sévère, mais juste. En rappelant qu’il était le seul à se battre contre la dette depuis vingt ans, François Bayrou s’est bien sûr donné le beau rôle, mais, dans l’instant présent, son initiative - courageuse - mettait en jeu sa survie à Matignon. Il restera donc seul contre tous ».
« Durant tout l’été, rappelle Le Soir à Bruxelles, François Bayrou avait prêché dans le désert pour convaincre les Français de soutenir son projet de budget pour 2026. Son plan, esquissé mi-juillet, prévoit 44 milliards d’euros d’économies, notamment via une “année blanche“ (le gel des dépenses sociales au niveau de 2025), une réforme de l’assurance-chômage et de la Sécurité sociale, mais surtout la suppression de deux jours fériés. Un chiffon rouge, pour 84 % des Français, selon l’institut de sondages Odoxa. (…) C’est donc lui ou le chaos, s’exclame Le Soir. Lui ou la dette. Et ce sera à chaque parlementaire, de chaque parti, d’en décider en son âme et conscience. Un pari qu’il n’a, à vrai dire, quasiment aucune chance de gagner sauf énorme coup de théâtre ».
Alors si l’Assemblée vote la censure, que peut-il se passer ? Réponse du Guardian à Londres : « les dirigeants de l’opposition ont déclaré qu’en cas de chute du gouvernement, ils exigeraient la dissolution du Parlement et de nouvelles élections. Néanmoins, Emmanuel Macron, dont la décision surprise de dissoudre le Parlement en juin 2024 a produit une assemblée divisée en trois groupes opposés, Emmanuel Macron ne semble pas vouloir répéter l’expérience. Les analystes estiment qu’il tentera d’éviter de nouvelles élections anticipées, pointe encore le quotidien britannique, en cherchant plutôt à nommer un nouveau Premier ministre - bien que l’on puisse se demander qui pourrait être ce Premier ministre et comment il pourrait être plus efficace ».
À la Une également, l’indignation après la nouvelle frappe israélienne hier à Gaza. Frappe sur l’hôpital Nasser de Khan Younès qui a fait plus de 20 morts dont 5 journalistes palestiniens.
« Une caméra de Reuters a tout filmé, rapporte Le Monde. Face à la violence des images, l’armée israélienne a rapidement annoncé une enquête. Le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, est aussi intervenu dans la soirée en exprimant ses regrets. “Israël accorde de la valeur au travail des journalistes, du personnel médical et de tous les civils“, a écrit le chef du gouvernement alors même, fulmine Le Monde, que tous les actes de l’État hébreu depuis vingt-deux mois témoignent du contraire – à commencer par l’interdiction faite aux reporters internationaux de se rendre dans l’enclave palestinienne de manière indépendante ».
Enfin, Haaretz, quotidien israélien d’opposition, ne cache sa colère : « nous avons été témoins d’un crime de guerre retransmis en direct. Comment justifier des attaques répétées contre un hôpital, surtout lorsque le système de santé de Gaza est pratiquement paralysé, au milieu d’une crise humanitaire et d'une famine sans précédent dont le monde entier parle ? Comment expliquer le nombre de journalistes tués (245 depuis le début de la guerre) ? (…) Cette guerre doit cesser immédiatement, s’exclame encore Haaretz. Israël doit prendre conscience de la réalité, renoncer à son projet scandaleux d'occuper la ville de Gaza et signer un accord prévoyant la libération des otages et le retrait de ses troupes de la bande de Gaza ».