Kantamanto est l'un des plus grands marchés de vêtements de seconde main du monde. En grande partie ravagé par un incendie en janvier, ce véritable poumon économique de la capitale du Ghana, Accra, a commencé à reprendre vie après une reconstruction express. Ce mardi 26 août, une cérémonie célèbre sa résurrection, mais les quelque 30 000 commerçants, eux, ont repris le travail il y a déjà plusieurs mois.
Pour trouver la boutique de Bismarck Oppong, il faut déambuler quelques minutes dans la myriade d'allées que compte le marché de Kantamanto, réparties sur quatre hectares de marché de plein air à Accra, la capitale du Ghana. Voilà 14 ans que le commerçant s'est spécialisé dans la vente de jeans de seconde main. Une affaire littéralement partie en fumée il y a huit mois, lors de l'incendie de janvier 2025. « Quand le drame est survenu, nous n'avons rien pu faire. Mais après le désastre, on a pu rassembler quelques ressources, histoire de ne pas repartir de zéro. Maintenant, on espère juste pouvoir améliorer notre situation », se souvient Bismarck Oppong.
Plus de trois millions de dollars : c'est qu'a donné la fondation Or, une ONG qui travaille avec les commerçants de Kantamanto pour reconstruire le marché. Un travail titanesque réalisé en l'espace de deux à trois mois pour les échoppes. Les travaux sont toujours en cours pour l'électricité. De retour dans sa boutique, Bismarck Oppong est particulièrement satisfait du réaménagement des allées. « Je préfère largement l'agencement de ce marché comparé à l'ancien : les démarcations, par exemple. Avant, on n'avait pas beaucoup d'espace. Mais maintenant, on a beaucoup plus de place. Les tentures aussi, avant, elles étaient plus basses, mais on les a relevées », se réjouit-il.
Un marché plus agréable et accessible mais qui attire cependant moins de clients. « Il y a moins de clients, parce qu'après qu'il a brûlé, ils ne savent pas que l'on a rouvert », constate Judith Djoka. Arrivée du Togo il y a sept ans pour travailler comme vendeuse de vestes et de vêtements professionnels, elle n'a jamais connu une affluence aussi faible. « C'est un peu compliqué, déplore-t-elle. On achète des produits, mais les clients n'achètent pas. On ne gagne pas comme avant. »
Pour la vendeuse, il faut impérativement faire de la publicité pour attirer, à nouveau, les clients à l'intérieur du marché – et ainsi pouvoir y écouler les 15 millions de vêtements d'occasion qui y arrivent chaque semaine. Une tâche qui incombe à la Kantamanto Obroniwawu Business Association (Koba), la nouvelle association des vendeurs de vêtements de seconde main de Kantamanto.
Un autre enjeu demeure : celui de l'amélioration de la sécurité incendie. Si certains commerçants ont bel et bien reçu une formation ainsi que des extincteurs, les 5 000 boutiques du marché ont été reconstruites en bois. « C'est vrai que ce n'est pas l'idéal, reconnaît Manu Adutwum Atta, le secrétaire général de la Koba. C'est une mesure temporaire. Mais il s'agit du gagne-pain des gens ici. Si on avait attendu de construire des infrastructures permanentes, ils n'auraient pas pu survivre. Mais c'est quelque chose que nous avons en tête pour le futur. »
L'association des commerçants se donne cinq ans pour réfléchir à une reconstruction du marché qui serait, elle, plus pérenne.
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