L’Empire romain nous a légué des milliers d’inscriptions, précieuses pour comprendre son histoire. Mais beaucoup sont arrivées jusqu’à nous abîmées par le temps : lettres effacées, fragments manquants, supports brisés. Un casse-tête permanent pour les historiens, d’autant que chaque année, pas moins de 1 500 nouvelles inscriptions latines sont mises au jour. Pour leur venir en aide, Google et l’université de Nottingham ont mis au point Aeneas, une intelligence artificielle spécialement conçue pour reconstituer ces textes. Dans la revue Nature, les chercheurs détaillent ses capacités : identifier l’origine d’une inscription, retrouver des parallèles dans d’autres corpus, et surtout compléter les parties manquantes.
Concrètement, Aeneas s’appuie sur les ressemblances visuelles et linguistiques avec plus de 176 000 inscriptions latines issues de grandes bases de données comme EDR ou EDH. De quoi lui permettre de proposer des reconstructions plausibles. Sa précision atteint 73 % lorsque la lacune ne dépasse pas dix caractères, et reste à 58 % quand la longueur du texte manquant est inconnue. Pas infaillible donc, mais déjà un gain de temps considérable pour les chercheurs, qui conservent la main et peuvent vérifier étape par étape le raisonnement de l’IA.
Et Aeneas a un atout supplémentaire : sa capacité à repérer des détails passés inaperçus pour l’œil humain, ouvrant parfois de nouvelles pistes d’interprétation. L’outil pourrait aussi s’adapter à d’autres langues anciennes, à des papyrus ou même à des pièces de monnaie. D’ailleurs, Google l’a déjà intégré à Ithaca, son IA dédiée au grec. Bonne nouvelle : Aeneas est disponible gratuitement, en open source, avec son code et ses données accessibles sur GitHub. Une manière d’élargir encore le champ des possibles… et de donner une seconde vie aux voix éteintes de Rome.
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