Alexandre Douguine, philosophe et stratège russe, est considéré comme l’un des penseurs géopolitiques majeurs de la Russie contemporaine. Théoricien du néo-eurasisme, il rejette le modèle libéral occidental et défend un ordre mondial multipolaire fondé sur des blocs civilisationnels autonomes. Il plaide pour une Europe continentale souveraine, alliée à la Russie, contre l’hégémonie atlantiste.
L’idéologie eurasiste et le rejet de l’État-nation
Pour l’eurasisme, la modernité libérale réduit les peuples à des unités administratives soumises à un marché global déspiritualisé. L’État-nation, produit de l’ère moderne, est vu comme artificiel, menant à la fragmentation culturelle et à l’assimilation occidentale.
À l’inverse, l’eurasisme imagine un espace impérial enraciné dans la tradition, porteur d’une mission sacrée : le Kathèkon, force retenant le chaos et l’ordre antéchristique. L’Occident incarne le Léviathan maritime, puissance dissolvante uniformisant les sociétés. L’eurasisme oppose une puissance terrestre, liée à la stabilité, la mémoire et la continuité historique. Les affrontements géopolitiques deviennent ainsi l’expression d’une lutte spirituelle immuable.
Le conflit comme bataille métaphysique
L’affrontement actuel dépasse les enjeux frontaliers : il oppose la Terre, gardienne des traditions, à la Mer, symbole du déracinement marchand. La guerre est perçue comme l’aboutissement naturel d’un antagonisme séculaire.
Cette lecture donne à la guerre une portée eschatologique : la victoire réside dans la sauvegarde d’un ordre civilisationnel résistant au chaos, et non dans la conquête de territoires. Toute trêve sans cet objectif serait illusoire. La guerre devient un acte nécessaire au service d’une mission spirituelle supérieure.
La libération des peuples européens
Pour Douguine, le conflit n’est pas dirigé contre les peuples européens mais contre un système politico-financier et militaire qui les prive de souveraineté. Les structures supranationales, traités et alliances atlantistes sont vus comme des instruments de soumission, imposant un modèle étranger aux héritages européens.
L’eurasisme affirme que la lutte menée depuis l’Est vise à briser cette emprise, restaurer une autonomie politique et culturelle et permettre aux nations européennes de renouer avec leur vocation historique. Cette guerre est présentée comme un acte de solidarité civilisationnelle, destiné à instaurer un équilibre multipolaire et à libérer l’Europe d’un empire global jugé prédateur et déshumanisant.
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