Le 10 août 2025, François Martin était l’invité de La Matinale, animée par Nicolas Stoquer sur Géopolitique Profonde.
François Martin est géopolitologue, journaliste et essayiste français, diplômé de l’ESSEC et de l’EMBA HEC, auditeur de l’IHEDN et de l’INHESJ. Fort de 40 ans dans le commerce alimentaire international, il connaît plus de 100 pays, parle six langues et analyse avec précision les enjeux mondiaux.
Diplomatie de Trump : puissance et intimidation
Trump transforme la diplomatie en show dissuasif : en 2017, au pic de la crise nord-coréenne, un sous-marin nucléaire mouille à Busan, posture « armada » privilégiant l’image au résultat. Sa guerre commerciale avec l’Inde suit la même logique : droits de douane et retrait du GSP imposent un rapport de force sans compromis.
Sur le plan financier, rupture du JCPOA, sanctions, menaces sur SWIFT : l’arme dollar est utilisée pour punir et freiner la dédollarisation. Contre l’Iran, frappes contre Kata’ib Hezbollah, élimination de Soleimani en 2020, bombardement évité in extremis : l’intimidation reste le cadre. Parallèlement, Trump se proclame faiseur de paix, revendique des accords vite défaits, et privilégie le storytelling au maintien de trêves.
Diplomatie française en recul
Autrefois, la France savait composer patiemment, à l’image de Talleyrand. Aujourd’hui, l’improvisation domine : rotation rapide des ministres, pilotage depuis l’Élysée, communication en plateau remplacent la constance stratégique. Les partenaires du Sud perçoivent un vide doctrinal.
Fiasco sahélien, expulsions de troupes, réorganisation à la hâte : d’autres puissances occupent l’espace, profitant de l’anti-françafrique. Le militaire sans projet politique se heurte aux réalités locales et aux narratifs concurrents.
Rejet du modèle occidental
Le Sud global refuse la morale sélective : votes à l’ONU sur Gaza, sanctions contre la Russie mais soutien à Israël nourrissent la défiance. Les BRICS élargis pèsent lourd, tandis que l’Occident répond par sanctions et menaces tarifaires. Résultat : diversification des partenariats, accords en monnaies locales, désoccidentalisation des décisions.
En Europe, la mise en scène remplace l’architecture de sécurité : le « train pour Kiev » illustre la performativité. Mais le rapport de force exige garanties et sorties honorables, non images parfaites. Afrique, Asie, Amérique latine lisent un décrochage occidental : Sahel perdu, Proche-Orient illisible, Donbass interminable. Le monde veut du multipolaire ; il reçoit sanctions et leçons. Deux choix restent : intégrer lucidement cet ordre en réhabilitant le compromis ou persister dans la coercition au risque d’une escalade que l’Occident, fragmenté et moralement affaibli, ne gagnera pas.
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