Un attentat contre l’église grecque orthodoxe à Damas a fait 25 morts et plus de 60 blessés au mois de juin dernier, relançant l’inquiétude au sein de la minorité chrétienne. Celle-ci est passée d’un million de personnes avant la guerre en 2011, à moins de 300 000 aujourd’hui, en raison de l’exil et des déplacements forcés. Avec 200 à 300 millions de fidèles, l’Église orthodoxe est la troisième confession chrétienne, après le catholicisme et le protestantisme. Son histoire, marquée par de longues épreuves, notamment durant la conquête mongole et la longue domination de l’Empire ottoman, reste assez largement méconnue.
Au carrefour des empires disparus, byzantin, ottoman et russe, l’orthodoxie a été déchirée par la guerre froide, avant de se retrouver au cœur des conflits contemporains : génocides, guerres des Balkans et d’Ukraine, d’Irak ou encore de Syrie. Les mondes orthodoxes sont complexes. Leurs influences et leur proximité réelle avec les pouvoirs politiques sont une grille de lecture des soubresauts du présent. Les prêches enflammés du patriarche Kirill de Moscou, que l’on a vu par ailleurs bénir les chars russes allant détruire les villes ukrainiennes, ont ravivé l’image d’une orthodoxie belliciste, ultraconservatrice et homophobe. Une orthodoxie radicalement hostile à l’Otan, à l’Union européenne et aux valeurs démocratiques. Regard sur le rôle de l’église orthodoxe dans les relations internationales.
Invité :
Jean-Arnaud Dérens, historien et journaliste, fondateur du Courrier des Balkans, dont il est le co-rédacteur en Chef. Géopolitique de l'orthodoxie. De Byzance à la guerre en Ukraine, aux éditions Tallandier.