Le Premier ministre François Bayrou doit présenter ce mardi ses grandes orientations budgétaires pour 2026. Dans un contexte de déficit public alarmant et de dettes record, il lui faudra trancher entre coupes drastiques et hausses d’impôts. Une décision à fort enjeu économique et politique. Décryptage.
Avec un déficit public atteignant 5,8 % du PIB en 2024, la France affiche le plus mauvais score de la zone euro. Sa dette publique dépasse désormais les 114 % du PIB, un niveau critique qui engendre un coût croissant pour l’État : 58 milliards d’euros d’intérêts payés l’an dernier et une prévision de 67 milliards pour 2025. Cette dynamique inquiète fortement les marchés, les agences de notation, mais aussi les partenaires internationaux de la France.
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Face à ce constat, François Bayrou doit proposer dans la journée des pistes pour économiser entre 40 et 45 milliards d’euros. Le cap est clair, restaurer la confiance budgétaire. Plusieurs leviers sont évoqués en coulisse. Une « année blanche » sur les dépenses, c’est-à-dire un gel sans revalorisation liée à l’inflation, pourrait permettre jusqu’à 10 milliards d’économies. La désindexation des retraites est aussi sur la table, bien que politiquement très sensible. D’autres mesures sont évoquées, comme une TVA sociale, une réforme des agences publiques ou une taxe sur les hauts patrimoines, surnommée taxe Zucman”.
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Le défi pour le Premier ministre est aussi parlementaire. Sans majorité à l’Assemblée nationale, il devra composer avec une gauche opposée à toute réduction du modèle social sans hausse d’impôts, et une droite qui exige l’inverse. Cette présentation budgétaire engage donc bien plus que la seule trajectoire économique du pays : elle conditionne l’avenir du gouvernement et la stabilité politique de la France. Un échec ou une solution mal calibrée pourraient raviver la défiance des investisseurs et aggraver encore la crise de confiance.