« On ne peut que se réjouir, pointe Libération à Paris, qu’après deux mois de guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah le bruit des armes s’arrête enfin, au grand soulagement des Libanais. (…) Les plus grandes incertitudes demeurent néanmoins », soupire le journal qui s’interroge : « comment les autorités libanaises vont-elles pouvoir, sans président et avec un gouvernement de transition‚ garantir cet accord ? L’armée libanaise a-t-elle les moyens de surveiller le sud du Liban ? Pourquoi la force de l’ONU serait-elle plus efficace dans le maintien de ce cessez-le-feu qu’elle ne l’était avant la guerre ? Et puis…, s’interroge encore le quotidien français, il ne manquerait pas quelque chose d’important dans ce début d’accord de paix ? Les Palestiniens, une fois de plus, sont les lésés de l’histoire, relève Libération. Car pendant ce temps à Gaza, l’arrivée du froid et de la pluie rend les conditions de vie plus inhumaines encore ».
En effet renchérit le Guardian à Londres, n’oublions pas Gaza… « Dans une région au bord du gouffre, tout règlement durable doit passer par Gaza et impliquer la création de conditions réalistes pour un État palestinien viable », affirme le quotidien britannique. Reste tempère-t-il, que « Benyamin Netanyahu n’a aucune envie de jouer le rôle d’un artisan de la paix, alors qu’il tente d’éviter un procès pour corruption et une élection qui pourrait tourner à son désavantage. Son intérêt réside plutôt dans la perpétuation d’un sentiment d’urgence nationale et dans la complaisance envers les membres d’extrême droite de son cabinet qui pourraient le faire tomber et qui rêvent de nouvelles colonies dans une bande de Gaza déchirée et ethniquement nettoyée ».
« L’accord de cessez-le-feu au Liban tracera-t-il la voie à un deal à Gaza ? », s’interroge en écho L’Orient-Le Jour à Beyrouth. Non, répond le quotidien libanais. « Depuis plusieurs mois, de nombreux observateurs font valoir que Benyamin Netanyahu cherche à repousser l’heure des comptes après la débâcle politico-sécuritaire du 7-Octobre, la perspective d’élections législatives anticipées ou encore les affaires judiciaires le visant ».
Et L’Orient-Le Jour de citer l’ancien directeur de Human Rights Watch, Kenneth Roth : « le Hezbollah représente (pour Israël) une menace plus grande que le Hamas. Mais, poursuit-il, Netanyahu a besoin d’une guerre sans fin à Gaza (malgré les morts et les souffrances massives de civils) pour conserver le pouvoir et éviter la prison pour corruption ».
« Même avec un cessez-le-feu au Liban, un accord sur Gaza semble lointain », affirme également le Washington Post. « Des divergences importantes subsistent entre Israël et le Hamas sur des questions clés, pointe le quotidien américain, notamment la forme du retrait des forces israéliennes de Gaza et le rôle à long terme, le cas échéant, que le Hamas pourrait jouer dans l’enclave, qu’il a gouvernée pendant plus de 15 ans. (…) Dans les prochains jours, des représentants des États-Unis vont "faire un nouvel effort avec la Turquie, l’Égypte, le Qatar, Israël et d’autres pays pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza", a annoncé hier le président Joe Biden. Mais, rappelle le Post, toutes les tentatives précédentes des États-Unis pour parvenir à une cessation durable des hostilités à Gaza ont échoué ».
Aucune avancée à prévoir donc sur Gaza, aucune garantie d’une paix durable au Liban… En effet, relève El Pais à Madrid, « les aspects flous de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Liban laissent présager un avenir incertain ». Notamment le fait qu’Israël se réserve le droit de reprendre les hostilités à tout moment, si elle estime que le Hezbollah ne se conforme pas à l’accord…
Ce qui fait dire à Haaretz à Tel Aviv que « l’accord entre Israël et le Hezbollah est un hiatus précaire, pas un cessez-le-feu permanent. Ne faisons pas semblant, s’exclame le quotidien israélien d’opposition, c’est une accalmie temporaire tant pour Israël que pour le Hezbollah - et si ce cessez-le-feu a été conclu pour que Netanyahou puisse prolonger une guerre futile à Gaza, il n’y a guère de raisons de se réjouir ».