La chute de la récolte de cacao en Côte d'Ivoire, premier producteur mondial, provoque une hausse du prix des fèves dans le pays. Le Conseil Café Cacao, l'organe régulateur, pointe du doigt ceux qui alimentent la surenchère.
Le cacao devenu plus rare est aussi plus cher, en Côte d’Ivoire. Trop cher aujourd’hui pour une partie des acteurs et pour le Conseil Café Cacao. L’organe régulateur dénonce une « course effrénée » aux achats de fèves qui conduit des exportateurs à surpayer le cacao à l’entrée des usines de conditionnement.
Face à la baisse de la récolte, certains n’hésitent pas en effet à payer à des intermédiaires 1 500 francs CFA le kilo de fèves, soit une fois et demi le prix garanti au planteur – fixé à 1 000 francs CFA pour cette récolte. Une pratique interdite, rappelle le CCC qui ne désigne pas nommément les responsables, mais les menace de sanctions.
De fait, seuls ceux qui ont les reins solides financièrement peuvent faire monter les prix, explique un expert, qui indexe les multinationales, même si, fait remarquer un autre analyste, elles achètent le gros de leur volume via des contrats souscrits plusieurs mois à l’avance.
Un exportateur local assure ne pas avoir pu acheter un seul kilo de fèves depuis plus d’un mois, en raison de prix devenus « intenables », et affirme que c’est le cas aujourd’hui de toutes les petites structures.
La concurrence acharnée que se livrent les acheteurs sur le terrain profite-t-elle aux cacaoculteurs ? Beaucoup moins que ce qu’elle rapporte aux intermédiaires, selon nos interlocuteurs.
Dans ce contexte spéculatif, le prix au planteur pour la deuxième récolte, qui doit débuter le 1er avril, est attendu avec fébrilité. Ce prix ne varie généralement pas entre la récolte principale et la petite récolte, mais « pour une fois, la question se pose », disent plusieurs acteurs de la filière.
Si une hausse du prix pourrait mettre en difficulté certains exportateurs, qui vont devoir acheter plus cher leurs fèves pour honorer des contrats passés sous un ancien prix, elle permettrait en revanche d’augmenter la part perçue par le planteur, mais aussi de limiter la rétention d’éventuels stocks. Une pratique pointée du doigt par le Conseil Café Cacao, qui rappelle que les stocks ne doivent pas être gardés plus de 21 jours avant d’être vendus aux exportateurs. Un avertissement à peine déguisé aux spéculateurs.