Difficile pour nos confrères maliens, nigériens, burkinabè et guinéens de faire leur travail de journalistes sans appréhension et contraintes. Dernier accroc à la liberté de la presse en date : au Niger, le ministère de l’Intérieur, de la Sécurité publique et de l’Administration du territoire a signé un arrêté hier mercredi qui « suspend jusqu’à nouvel ordre, l’autorisation d’exercice accordée à l’association dénommée "Maison de la presse" ». Ce sont les termes du communiqué officiel repris par certains sites nigériens, sans autre forme de commentaires. « La Maison de la Presse est une Association faitière regroupant en son sein toutes les structures du secteur de la presse au Niger, précise l’Agence nigérienne de presse. Son bureau, qui était en fin de mandat, avait récemment convoqué à deux reprises une assemblée générale afin de procéder à l’élection des nouveaux membres. Ces deux convocations ont été suspendues par le ministère de l’Intérieur. »
À de maintes reprises, Ibrahim Harouna, le président de la Maison de la presse, avait tiré la sonnette d’alarme au sujet des menaces et intimidations subies par les journalistes depuis le coup d’État du 26 juillet 2023. Interrogé ce jeudi matin sur notre antenne, celui-ci affirme qu’il n’y a rien qui puisse justifier cette interdiction.
En Guinée, le journaliste Sékou Jamal Pendessa est toujours derrière les barreaux. « La détention du journaliste et syndicaliste va se poursuivre à la Maison centrale de Conakry, constate le site Guinée Matin, où il séjourne déjà depuis le 22 janvier. Il avait été arrêté, précise-t-il, suite à l’appel à manifester, lancé par le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée, pour la levée des restrictions d’accès à internet et l’arrêt du musellement de la presse, perpétrés par les autorités de la transition guinéenne. »
« Le mouvement syndical guinéen hausse le ton et menace, pointe le site Guinée 7."Nous demandons que notre camarade soit immédiatement libéré et cela sans conditions, a déclaré Abdoulaye Sow", l’un des représentants syndicaux présents. Pour nous, il n’a rien fait, il n’a fait qu’exprimer sa pensée en tant que syndicaliste. »
La presse burkinabè, jamais avare de commentaires, est sur le pied-de-guerre. « Guinée : libérez la presse !, s’exclame ainsi WakatSéra. Les stylos, micros et caméras des hommes et femmes des médias tremblent à chaque instant, quand ils ne sont pas simplement réduits au silence par les prédateurs de la liberté d’expression », s’indigne le site ouagalais.
« En réalité, on ne devrait pas s’étonner outre mesure, soupire pour sa part L’Observateur Paalga. Nous sommes au pays du général de corps d’armée Mamadi Doumbouya qui règne sans partage depuis plus de deux ans. Il était arrivé en sauveur pour restaurer la démocratie malmenée par Alpha Condé qui voulait se taper un troisième mandat contre tout bon sens, voilà que très rapidement il est devenu le fossoyeur de cette même démocratie et des libertés individuelles et collectives. »
Et L’Observateur Paalga d’élargir son point de vue : « Ce qui se passe en Guinée est à différents degrés à l’image de la situation de liberté d’expression et de la presse dans les pays qui ont connu des coups d’État récemment. Qu’il s’agisse du Mali, du Burkina Faso et du Niger, les libertés sont corsetées au nom de la lutte contre le terrorisme qui est considérée par les pouvoirs comme une raison suffisante pour museler toutes les voix discordantes. »