C'est une crise mondiale qui a de multiples visages, mais qui présente le même scénario : inflation et hausse des taux d’intérêt mettent le marché du logement sous tension partout dans le monde. Explications.
On peut dire aujourd’hui qu'il s'agit d’une des pires crises immobilières depuis des décennies parce que c’est un phénomène global et que la plupart des grandes économies sont touchées : de la France à la Chine, en passant par l'Allemagne, ou le Royaume-Uni, la remontée des taux d'intérêt des emprunts immobilier ont enrayé l’euphorie post-Covid. En Europe en particulier, le marché s'est fissuré, avec des ventes qui dégringolent. Cela a un effet rebond sur le marché locatif qui devient de plus en plus tendu. Et l'offre de logement social reste souvent insuffisante, résultat : le nombre de sans-abris est en hausse partout en Europe, sauf en Finlande.
Autre phénomène, des baisses de prix dans de nombreux pays, en particulier en Europe du Nord où elles accusent une baisse entre 6 % et 10 % sur un an. Pour l'heure, l’Italie et l’Espagne résistent, mais jusqu’à quand ? Cela entraîne une pénurie de logements sur le marché et la situation est particulièrement difficile au Royaume-Uni où l’inflation est plus forte qu’ailleurs avec des taux d’intérêt qui ont dépassé les 6 %.
En France, les acteurs du bâtiment estiment que la crise de l’immobilier, aussi bien dans le neuf que dans l’ancien, pourrait entraîner 150 000 suppressions d’emplois dans le secteur ces deux prochaines années.
Une contagion à l’ensemble du système financier ?
Pour le moment, les experts s’accordent pour dire qu’il s’agit plutôt d’une correction du marché immobilier après des années de hausse entrainées par l’argent facile. Aujourd’hui, les taux d’emprunt ont triplé, voire quadruplé, mais aucun pays n’est véritablement en proie à un krach immobilier, car il n’y a pas en soi des prêts hypothécaires à risques qui pourraient imploser, comme cela fut le cas avec les subprimes en 2008 qui ont entrainé une panique bancaire dans leur sillage… Autrement dit, le marché n’est pas à proprement parlé spéculatif, il s’autocorrige.
Le cas particulier de la Chine
La Chine est à part, car la crise immobilière a des racines plus anciennes. Et les mesures prises depuis 2020 par le gouvernement pour limiter l'endettement des promoteurs ont entraîné une vague de faillites, à commencer par celle d'Evergrande, il y a deux ans. La fin de la politique « zéro Covid » n'a pas relancé l'activité. Et il y a une crainte de voir le pilier de l’économie chinoise entraîner toute la région dans sa chute
Le marché immobilier constitue toujours la plus importante réserve de richesses du pays, avec 74 % des actifs des ménages placés dans le secteur. Une probable intervention de Pékin est prévue dans les prochains mois qui viendra, espérons eux, endiguer une crise qui pèse lourd sur les finances du pays.