Depuis la mi-septembre, Olivier Véran multiplie les déplacements dans les villes qui ont un maire Rassemblement national (RN). Après Beaucaire, Perpignan, Hayange et Fréjus, c'est à Hénin-Beaumont, le fief de Marine Le Pen, que le porte-parole du gouvernement s'est invité il y a une semaine. Un déplacement - forcément - très politique.
« Où sont les élus du RN ? Il n'y a personne de la mairie ? ». À peine sorti de sa berline ministérielle, Olivier Véran pose la question à la cantonade à ceux qui sont là pour les accueillir, lui et le ministre de l’Industrie, Roland Lescure. Nous sommes devant le campus de formation de l’entreprise Euralogistic, où 3 000 jeunes apprennent chaque année les métiers de la logistique.
Une drôle d'endroit pour une rencontre, au bord de l'autoroute du Nord, et surtout très loin du centre-ville d'Hénin-Beaumont. Et si le ton du ministre est faussement ingénu quand il pose sa question, c'est parce qu'il connait déjà la réponse. La rencontre n’aura pas lieu : ni le maire d'Hénin-Beaumont depuis 2014, Steve Briois, ni la députée de la circonscription depuis 2017, Marine Le Pen, ne sont là.
Le fameux « accueil républicain » se réduit au préfet des Hauts-de-France et à quelques élus locaux : PS à gauche, Les Républicains à droite et Renaissance pour la majorité ; mais dans la ville qui est devenue le fief de sa présidente, pas trace d'un représentant du RN.
Pourtant, se confronter aux élus du Rassemblement national, c'est ce que cherche Olivier Véran. Son objectif : « Faire craquer le vernis de la vitrine lepéniste » selon ses mots. Ce qu'il obtenait au début de ce « tour de France », quand les élus RN venaient se frotter à lui, sans savoir vraiment sur quel pied danser. Entre sourire contraint sur la photo et accueil glacial, le risque de dérapage et l'insulte, jamais loin.
Comme à Hayange, en Moselle, quand le député RN Laurent Jacobelli lance à son homologue de Renaissance Belkhir Belhaddad : « Joue pas ta racaille. »
Depuis, c'est beaucoup plus simple, les élus RN ne viennent plus ! Ils préfèrent réagir à distance. Comme le maire d'Hénin-Beaumont, Steve Briois, qui s'est fendu d'un communiqué à la fin de la visite pour la qualifier de « non-événement » et de « piteuse opération de communication politicienne ».
Car les deux ministres ne sont pas venus les mains vides. Ils ont annoncé le versement de 332 000 euros d'aides publiques à Euralogistic, dont « une partie n'aurait pas été possible sans l'Union européenne. Il faut le rappeler » martèle Olivier Véran.
Et ça, « le Rassemblement national ne veut pas qu'on le dise aux gens » veut croire le ministre, alors que le parti d'extrême droite caracole en tête des sondages pour les prochaines élections européennes.
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