Après de longues semaines d’examen et vingt 49.3 du gouvernement, la séquence budgétaire est terminée à l’Assemblée. Prochain rendez-vous important au Palais Bourbon, dans dix jours, avec l'examen du texte immigration en séance publique. Mais les députés ont le blues. Absentéisme, découragement, perte de sens : ceux qui font la loi seraient-ils au bord du burn-out ?
Un exemple, un seul : dimanche dernier. C'est l'examen de la 26ᵉ motion de censure qu'Elisabeth Borne doit affronter après un passage en force du gouvernement sur le vote du budget. L'hémicycle est désert. Même les bancs de la Nupes ne font pas le plein. C'est pourtant eux, les députés de gauche, qui ont déposé cette motion. Résultat, 89 voix seulement pour réclamer la censure du gouvernement sur les 151 députés que compte la Nupes. « Ils ne se déplacent même plus pour voter leurs propres motions de censure », s'étonne un membre du gouvernement. Dernier symptôme en date de l'essoufflement de la vie parlementaire.
Pour expliquer leur absentéisme, les députés eux-mêmes pointent du doigt cette succession de passages en force du gouvernement sur les textes budgétaires, les fameux 49.3. Il y en a eu une vingtaine depuis la rentrée. « À quoi ça sert de venir en séance, si tous les débats qu'on a sont balayés en quelques minutes par la Première ministre ? » Cette question, c'est un député LR qui se la pose tout en reconnaissant qu'il passe plus de temps dans sa circonscription qu'à l'Assemblée. Il n'est pas rare, nous l'avons souvent constaté, qu'il y ait moins d’une dizaine de députés sur les bancs des LR, sur 62 élus.
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Il y a souvent plus de monde chez les Macronistes. Pour une raison simple liée à la majorité relative : les députés Renaissance doivent tous être dans l'hémicycle pour faire voter leurs amendements. Chaque voix compte. Mais eux aussi sont fatigués. « Quand on en est à 70-72h par semaine de présence en séance, on en a marre », reconnait un cadre du parti Renaissance. Et pas sûr que l'examen du texte immigration remotive les troupes. Si le gouvernement recourt au 49.3, des semaines de débats passeront à la trappe.
Selon un député de la majorité, il faut revoir la procédure d'examen des textes budgétaires notamment, « de A à Z ». « On est arrivé au bout d'un cycle, ça ne fonctionne plus en temps de majorité relative », nous dit-il. Sans parler de l'explosion du nombre d'amendements depuis le début de la législature. « C'est bien simple, même les services de l'Assemblée, qui doivent enregistrer chaque amendement, n'y arrivent plus », selon ce même député. Un ministre suggère de convoquer le Congrès pour revoir la Constitution. Problème : 3/5 des voix des parlementaires seraient alors nécessaires pour changer les règles. Difficile, voire impossible avec une majorité relative. C'est le serpent qui se mord la queue.