Un hommage à l'Orient et à sa civilisation des parfums est à découvrir à l'Institut du monde arabe. Parfums d'Orient est une exposition enrichie de dispositifs olfactifs à la découverte des matières premières, des paysages et des pratiques culturelles qui font les parfums d'Orient.
Visiter l'exposition Parfums d'Orient, c'est d'abord être immergé dans un paysage. Des champs d'arbres de la péninsule arabique aux forêts subtropicales de l'Asie du Sud-Est, les parfums et le monde arabe ont fait depuis longtemps un mariage heureux.
« À l'origine, il y a la myrrhe et il y a l’encens, qui sont les matières premières proprement arabes, parce qu'elles poussent uniquement dans le sud de la péninsule arabique, donc c'est vraiment la base de la parfumerie orientale, indique Agnès Carayon, l'une des commissaires de l'exposition. Ce sont des arbres qui sont incisés et qui font des larmes qui vont sécher, donc ce sont des résines. Mais il y a également des matières premières qui viennent d'Asie, comme le musc ou le bois d'oud, ce qui prouve aussi qu'il y a eu des échanges de matières olfactives très anciennes. Il y a également les fleurs, la rose étant probablement la fleur la plus emblématique, mais on utilise toutes sortes de fleurs pour faire des parfums. »
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Trente odeurs sont à sentir : fleur de jasmin, de safran, mais aussi des matières animales complexes comme l'ambre gris. Le parcours de l'exposition est conçu comme une déambulation. « Le visiteur va pénétrer dans la ville : dans le souk des parfumeurs, dans le bain public – le hammam – ou dans l'endroit où on va prier. Ensuite, le visiteur va traverser la maison et on va lui parler des usages autour de la réception des amis où on va agiter sous le visiteur une fumée parfumée – de l'encens qui brûle – ou alors, on peut l'asperger aussi d'eau florale. On va parler des odeurs de cuisine aussi, parce que les matières premières sont souvent les mêmes. Et puis de la dimension sensuelle des parfums, donc la toute dernière partie, la partie la plus intime », développe Agnès Carayon.
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Le raffinement s'exprime aussi dans des pièces anciennes, comme ce petit flacon en cristal de roche de l'époque fatimide au Xᵉ siècle, qui dialogue avec des œuvres contemporaines, tel ce tapis d'épices signé Laurent Maréchal réalisé in situ, qui imite à la perfection un dallage odorant de carreau de ciment. Parfums d'Orient évoque les contes des Mille et Une Nuits : « La civilisation arabo-musulmane est une civilisation qui est très sensuelle aussi, où l'on met beaucoup en avant les plaisirs des hommes. Donc, on a toute une littérature, et notamment un ouvrage érotique qui s'appelle Le jardin parfumé de Cheikh Nefzaoui, où il décrit comment recevoir son amoureuse, en disant qu'il faut diffuser de l'encens, parfumer avec de l'eau de rose. Dans Les Mille et Une Nuits, il y a beaucoup de rencontres amoureuses. Elles sont toutes précédées d'achats de parfums. »
Le grand parfumeur Christopher Sheldrake a mis en odeur l'exposition de l'institut du monde arabe. En quittant les lieux, le visiteur pourra parfumer le creux de son poignet avec une création spéciale intitulée Secret d'alcôve.
► Parfums d'Orient, une exposition à voir et à sentir à l'Institut du monde arabe à Paris jusqu'au 17 mars 2024.