Surendettée et confrontée à une pénurie chronique de devises étrangères, l’Argentine mise sur le gaz de schiste pour sortir du marasme économique. Ces dernières années, le pays sud-américain multiplie les investissements pour exploiter les importantes réserves d’hydrocarbures non conventionnels présentes dans son sous-sol.
Avec un potentiel estimé à 1 000 milliards de mètres cubes, le méga-gisement de Vaca Muerta, en Patagonie Argentine, constitue la deuxième réserve mondiale de gaz de schiste. Grâce à d’importants investissements, plus de 7 milliards de dollars rien qu’en 2023, un record, la production de gaz de schiste a explosé ces dernières années. Quasiment nulle en 2018, elle représente aujourd’hui 42% de la production nationale de gaz.
Inauguré en grande pompe le 9 juillet dernier, le gazoduc Nestor Kirchner permet désormais de relier Vaca Muerta à la province de Buenos Aires, qui concentre à elle seule un tiers de la population du pays. De quoi permettre à l’Argentine d’économiser plus de deux milliards de dollars en importations de gaz d’ici la fin de l’année et le double en 2024. Un nouveau tronçon actuellement en construction doit permettre d’acheminer le gaz jusqu’au nord-est du pays, puis jusqu’au Brésil. À termes, le gouvernement argentin espère pouvoir exporter entre 20 et 30 milliards de dollars de gaz par an.
Une manne financière dont le pays a terriblement besoin : endettée à hauteur de 45 milliards de dollars auprès du FMI, l’Argentine doit composer avec une pénurie chronique de devises étrangères, aggravée cette année par une sécheresse historique qui a privé le pays de 20 milliards de dollars d’exportations de céréales et mis les réserves de la Banque centrale dans le rouge. Depuis que l’invasion de l’Ukraine et les sanctions contre la Russie sont venues bouleverser les chaînes d’approvisionnement de l’énergie, le président argentin Alberto Fernandez vante le potentiel de son pays, qui pourrait selon lui se convertir en poids lourd du gaz naturel liquéfié. Pour cela, l’Argentine devra auparavant se doter des infrastructures nécessaires, et la compagnie pétrolière nationale YPF a déjà présenté un projet d’usine de liquéfaction qui pourrait être opérationnelle d’ici 10 ans.
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