Après dix années de croissance, le marché de la banane bio semble aujourd'hui s'inverser. Elle n'échappe pas à la crise, et voit sa consommation et sa production baisser.
C'est la première année depuis dix ans que les volumes de bananes biologiques commercialisées en Europe reculent, à l'instar de ce qui s'observe aux États-Unis, dans une moindre mesure. En 2022, les ventes auraient diminué de 3%, selon FruiTrop, la publication de l'Observatoire des Marchés et Innovations du CIRAD, le centre de recherche agronomique et de coopération internationale pour le développement durable des régions tropicales et s'élèverait à 760 000 tonnes. Sans surprise, dans un marché qui n'est pas porteur, la part de marché de la banane biologique n'a pas décollé : cela fait quatre ans qu'elle stagne à 12% en Europe. Faut-il y voir la preuve d'un marché européen arrivé à maturité ? Ou d'une conséquence de l'offre mondiale qui s'est rétrécie ?
Ce que l'on sait, c'est que le bio ne suscite plus le même engouement chez les acheteurs — la consommation a baissé de 10 % en Allemagne, à titre d'exemple — et que la production s'est contractée chez les grands fournisseurs.
Le principal exportateur mondial, l'Équateur, a souffert de perturbations climatiques couplées à une augmentation du prix des intrants. Les plantations ont aussi été affectées en Colombie et au Pérou. Des perturbations en relation avec le phénomène climatique la Niña, qui a été particulièrement ressenti en Amérique du Sud entre 2021 et 2022.
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Chez les exportateurs qui ne sont pas en perte de vitesse, la production stagne. C'est le cas de la République Dominicaine et des deux exportateurs de bananes bio du continent africain, le Ghana et la Côte d'Ivoire.
Les surfaces ghanéennes plafonnent à 600 hectares et sont tenues par un seul producteur. La Côte d'Ivoire produit de la banane biologique sur 700 hectares, mais les surfaces stagnent également.
La banane biologique se heurte à deux limites : celles des fertilisants organiques parfois compliqués à trouver localement et celle de sa rentabilité économique, plus la même qu'il y a une dizaine d'années. Son prix n'a pas augmenté à la hauteur des coûts de production. Elle reste toutefois un produit d'appel pour la grande distribution européenne comme sa cousine conventionnelle, et reste le moins cher des fruits biologiques. Cette limite de prix ne vaut pas incitation pour les producteurs.
Mais, c'est aussi paradoxalement grâce à son prix, qui n'a pas flambé autant que d'autres malgré l'inflation, que la baisse du marché reste contenue. Autrement dit, cela aurait pu être pire, selon Fruitrop.
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